- 3/4 personnes se disent attachées au respect des droits humains, mais seulement moins d’un Belge francophone sur deux affirme connaître au moins un peu la Déclaration universelle des droits de l’homme
- 40% ont le sentiment que ces droits se sont dégradés partout dans le monde, et ils sont seulement 30% à estimer que le respect des droits humains s’est amélioré en Europe de l’Ouest
- Les principales préoccupations des Belges francophones résident dans la pauvreté, l’accès de tous à la justice et la qualité des soins de santé
- Seuls 13% des Belge francophones estiment que les gouvernements nationaux ont contribué à un meilleur respect des droits humains, et 50% pensent qu’ils devraient en faire davantage
Cette enquête révèle principalement que trois personnes interrogées sur quatre se déclarent globalement sensibles au respect des droits humains, alors que 41% des personnes sondées ont le sentiment que la situation s’est dégradée à travers le monde, particulièrement en Afrique. Le public sondé exprime néanmoins un ressenti positif en ce qui concerne l’évolution en matière de lutte contre les épidémies de masse et la qualité des soins de santé, ainsi que le recours à la peine de mort, dont la pratique lui paraît moins répandue.
« Nous nous réjouissons de l’attachement manifesté par une grande majorité de la population aux valeurs exprimées par la Déclaration universelle des droits de l’homme ; c’est à la fois encourageant et rassurant, explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International. En ce qui concerne le sentiment de dégradation globale des droits humains, nous ne pouvons que donner raison aux personnes qui le perçoivent. En effet, les signes de cette régression sont visibles partout sur la planète : le droit de manifester subit de très graves attaques, de même que les droits des femmes et les droits économiques et sociaux, comme l’accès à la nourriture, à l’eau potable, à la santé et au logement. »
« Nous nous réjouissons de l’attachement manifesté par une grande majorité de la population aux valeurs exprimées par la Déclaration universelle des droits de l’homme ; c’est à la fois encourageant et rassurant »
Même en Europe de l’Ouest, le sentiment des Belges francophones reste partagé, puisqu’ils sont seulement 30% à estimer que le respect des droits humains s’est amélioré. En effet, des millions de personnes restent confrontées à l’érosion de leurs droits économiques et sociaux. En de multiples occasions, les États n’ont pas assumé les responsabilités qui étaient les leurs en termes de protection des personnes réfugiées et migrantes. De plus, les États continuent d’appliquer, au nom de la sécurité, diverses mesures antiterroristes qui limitent de façon disproportionnée les droits des citoyens. Sans compter les violences, le harcèlement ou les discriminations liés au genre ou visant des minorités qui restent monnaie courante chez nous et dans nos pays voisins.
Si le public sondé se montre attaché aux droits humains, moins d’un Belge francophone sur deux seulement affirme connaître au moins un peu la Déclaration universelle des droits de l’homme. Ce qui signifie que plus de la moitié ne la connaît pas ou ne peut pas dire ce que ce texte contient. Cette méconnaissance est encore plus criante et inquiétante chez les jeunes âgés de 18 à 34 ans qui sont 67% à affirmer ne pas la connaître du tout (37%) ou ne pas pouvoir dire ce qu’elle comporte (30%).
Si le public sondé se montre attaché aux droits humains, moins d’un Belge francophone sur deux seulement affirme connaître au moins un peu la Déclaration universelle des droits de l’homme. Ce qui signifie que plus de la moitié ne la connaît pas ou ne peut pas dire ce que ce texte contient.
« Connaissant la portée de ce texte, ce résultat apparaît comme très préoccupant pour Amnesty International, explique encore Philippe Hensmans. Il nous conforte néanmoins dans le rôle crucial que nous avons à jouer pour faire connaître ce texte à la base de nombreux traités internationaux qui régissent notre monde. Les citoyen·ne·s doivent prendre conscience de l’importance de ce texte comme garde-fou contre les injustices et les abus, et comme garant de nos libertés ».
Les organisations non-gouvernementales se voient par ailleurs attribuer un rôle essentiel dans la défense des droits humains. Par contre, seuls 13% des Belge francophones estiment que les gouvernements nationaux ont contribué à un meilleur respect des droits humains au cours de 10 dernières années et 50% pensent qu’ils devraient faire davantage.
Le sondage met également en lumière une certaine forme de fatalisme ou d’impuissance face à cette dégradation des droits humains.61% des personnes sondées estiment en effet que les violations des droits humains existeront toujours et à peine 20% considèrent ne pas être en mesure de changer les choses à leur niveau. Ceci peut s’expliquer par une impression exprimée par les sondés de ne pas être suffisamment informés pour lutter contre les violations des droits humains.
Le sondage met également en lumière une certaine forme de fatalisme ou d’impuissance face à cette dégradation des droits humains.61% des personnes sondées estiment en effet que les violations des droits humains existeront toujours et à peine 20% considèrent ne pas être en mesure de changer les choses à leur niveau.
« Les avancées en matière de droits humains au cours des 70 dernières années ont toujours reposé sur la capacité des citoyens à faire entendre leur voix. Cet engagement aux côtés de celles et ceux qui sont en butte à l’injustice et à l’oppression est primordial dans le contexte actuel, où un nombre sans précédent de personnes ont été prises pour cible pour s’être mobilisées contre les violations des droits humains. La confiance de la population dans les ONG en termes de défense des droits nous renforce dans la conviction que, plus que jamais, nous devons reconnecter la population avec ses droits, qui sont aussi ceux des autres, pour créer de nouvelles formes d’engagement et joindre nos forces aux puissants mouvements de résistance en marche aux quatre coins de la planète », explique encore Philippe Hensmans.
À travers cette enquête, les personnes vivant en Wallonie et à Bruxelles se disent principalement préoccupées par la pauvreté, l’accès de tous à la justice et la qualité des soins de santé.
Ils sont entre 55% et 61% à estimer que de nombreuses personnes n’ont pas le salaire ou la pension qui leur permettrait de vivre dans des conditions décentes. Un Belge francophone sur deux reconnaît également l’injustice de notre société en matière d’égalité des genres, que cela soit au niveau de l’accès à un emploi, des responsabilités ou du salaire.
« Malgré un certain sentiment d’impuissance de la population face aux violations des droits humains, nous avons également constaté que plus de la moitié des sondés affirment être prêts à descendre dans la rue si leurs droits fondamentaux étaient menacés, notamment sur les questions relatives aux inégalités sociales, à la liberté d’expression, au respect de la vie privée ou à la lutte contre le harcèlement et les discriminations. C’est la preuve que nos concitoyens sont prêts à lutter pour ces droits qu’ils considèrent essentiels », conclut Philippe Hensmans.
Complément d’information
L’enquête a été commanditée à l’institut d’études de marchés et de sondages d’opinions Dedicated à la fin du mois de juin 2018 pour sonder la population belge francophone sur le respect des droits humains dans le monde et en Belgique, mais aussi leurs prédispositions à s’engager en la matière.
1 005 personnes âgées de 18 à 75 ans ont été sondées par voie électronique. L’échantillon a été pondéré pour représenter la population en Fédération Wallonie-Bruxelles tant en termes de genre, d’âge ou de groupes sociaux (principaux critères sociaux-démographiques).
Le nom du commanditaire et l’objectif du sondage n’ont pas été communiqués aux personnes interrogées. La marge d’erreur est de 3,1%.
A l’occasion de la Journée internationale des droits humains le 10 décembre prochain, la section belge francophone d’Amnesty International s’apprête à faire parvenir la version simplifiée de Déclaration universelle des droits de l’homme à chaque ménage de la Fédération Wallonie Bruxelles, soit quelque deux millions d’exemplaires.