« Il s’agit d’un des accords d’assistance financière les plus coûteux que l’UE ait jamais signés avec un pays situé en dehors de l’Union. En s’abstenant de garantir que les autorités égyptiennes adoptent des critères clairs en matière de droits humains et d’état de droit comme condition préalable au financement, l’UE enfreint ses propres règles », a déclaré Eve Geddie, directrice du Bureau européen d’Amnesty International.
« Des milliers de personnes, notamment des journalistes, des personnes ayant exprimé des opinions critiques, des figures de l’opposition politique, des manifestant·e·s pacifiques et des défenseur·e·s des droits humains, croupissent injustement derrière les barreaux, dans des conditions sordides, pour avoir exercé leurs droits fondamentaux. L’UE doit veiller à ce que l’Égypte libère les personnes détenues arbitrairement, avant de mettre en œuvre l’accord en question.
« Les dirigeant·e·s de l’UE doivent reconnaître que l’une des causes profondes des crises économiques récurrentes en Égypte est un gouvernement qui n’est pas tenu de rendre des comptes à son peuple. Si l’Égypte ne respecte pas l’état de droit, n’ouvre pas son espace civique et ne lève pas la censure, ces milliards d’euros provenant de l’argent des contribuables de l’UE serviront uniquement à fragiliser davantage les droits civils et politiques du peuple égyptien, mais aussi ses droits socio-économiques. »
Complément d’information
Le 17 mars, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, la Première ministre italienne Giorgia Meloni, le Premier ministre belge Alexander de Croo, le chancelier autrichien Karl Nehammer et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis ont approuvé le partenariat stratégique UE-Égypte [1] avec le président égyptien Abdel Fattah al Sisi. Ce partenariat porte sur 7,4 milliards d’euros, offerts par l’UE sous forme de subventions et de prêts jusqu’à la fin 2027.
La conférence sur l’investissement prévue les 29 et 30 juin au Caire sera la première étape du partenariat. La présidente de la Commission européenne et le président égyptien sont attendus, ainsi que d’autres haut·e·s représentant·e·s. Il est prévu que l’UE signe des contrats importants, ainsi que le Protocole d’accord pour le transfert d’un milliard d’euros d’assistance macrofinancière.
Amnesty International et 15 organisations égyptiennes et internationales de défense des droits humains ont présenté un guide en trois points [2] à la Commission européenne et aux États membres, afin qu’ils respectent le droit international et le droit de l’UE, et que l’assistance macrofinancière accordée à l’Égypte en vertu de la réglementation de l’UE garantisse des progrès et des réformes concrets, mesurables, structurels et assortis de délais, en matière de droits humains dans le pays.
Le guide comprend une feuille de route pour des réformes structurelles, avec des indicateurs, des objectifs et des points de référence publics, clairs, précis et temporellement circonscrits, pour que l’Égypte respecte ses obligations sur le terrain des droits humains. Il appelle l’Égypte à libérer immédiatement et sans condition toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé pacifiquement leurs droits fondamentaux, notamment les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique. Enfin, il appelle les autorités égyptiennes à ouvrir l’espace civique et politique, en respectant les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, avant, pendant et après les élections législatives de 2025.
Cette conférence s’inscrit dans un partenariat stratégique plus large entre l’UE et l’Égypte, qui comprend des investissements de l’UE dans le domaine du contrôle des migrations et des frontières, malgré la vague [3] actuelle de détentions arbitraires et de retours forcés de milliers de réfugié·e·s soudanais par les autorités égyptiennes, notamment des forces financées par l’UE.