Avec ces deux personnes, Stabile Dewah (35 ans) et Rita Nyamupinga (61 ans), sept défenseurs des droits humains ont au total été arrêtés à l’aéroport international Robert Mugabe au cours des sept derniers jours, à leur retour d’un atelier de renforcement des capacités sur les techniques de protestation non violentes, organisé aux Maldives.
« Les cinq premiers défenseurs des droits humains qui ont été arrêtés font l’objet d’accusations forgées de toutes pièces. Ils doivent être remis en liberté immédiatement et sans condition. Les accusations portées contre eux s’inscrivent dans le cadre d’un vaste mouvement de répression au Zimbabwe sur lequel nous avons rassemblé des informations, a déclaré Muleya Mwananyanda, directrice adjointe pour l’Afrique australe à Amnesty International.
Les personnes faisant partie du premier groupe de militants – George Makoni, Tatenda Mombeyarara, Gamuchirai Mukura, Nyasha Mpahlo et Farirai Gumbonzvanda – ont été accusées de « complot en vue de renverser le gouvernement du président Emmerson Mnangagwa ». Les deux militants arrêtés le 27 mai vont probablement être aussi accusés de subversion d’un gouvernement constitutionnel.
« Les autorités du Zimbabwe considèrent toutes les personnes qui exercent leur droit aux libertés d’expression et d’association comme des ennemis de l’État. Cette chasse aux sorcières doit prendre fin »
« Depuis les manifestations du mois de janvier, nous assistons à une répression qui va s’accentuant contre les défenseurs des droits humains et les militants. Les avocats, les journalistes et même les médecins n’ont pas été épargnés. Les autorités du Zimbabwe considèrent toutes les personnes qui exercent leur droit aux libertés d’expression et d’association comme des ennemis de l’État. Cette chasse aux sorcières doit prendre fin », a déclaré Muleya Mwananyanda.
Les quatre premiers défenseurs des droits humains arrêtés ont été appréhendés à leur descente de l’avion le 20 mai. Farirai Gumbonzvanda a également été arrêtée à l’aéroport de Harare le 21 mai vers 16 heures, heure locale.
Les autorités les accusent d’avoir participé à un atelier organisé par une ONG serbe aux Maldives dans le cadre du Centre pour les actions et stratégies non violentes (CANVAS).
Ils ont été formellement inculpés le 21 mai d’avoir ourdi un complot en vue de renverser le gouvernement du président Emmerson Mnangagwa et incarcérés dans la prison de sécurité maximale de Chikurubi.
La police a confisqué leurs ordinateurs et téléphones portables, qui auraient été remis à l’Autorité de régulation des postes et télécommunications du Zimbabwe « afin d’en extraire des preuves ». Les éléments en question, qui comprennent des notes enregistrées pendant la réunion, seront produits à titre de preuves à charge contre les militants.
« Les autorités du Zimbabwe doivent cesser d’utiliser des accusations forgées de toutes pièces pour intimider et harceler les défenseurs des droits humains et les dirigeants de la société civile. Les droits à la liberté d’expression et d’association ne sont pas simplement des dispositions constitutionnelles « sympathiques » ; il s’agit de droits humains et de garanties juridiques dont tous les Zimbabwéens doivent jouir au quotidien », a déclaré Muleya Mwananyanda.
Complément d’information
Le 17 mai, le gouvernement a utilisé le journal The Herald, détenu et contrôlé par l’État, pour accuser les organisations de la société civile de « complot en vue de lancer une manifestation violente » au Zimbabwe, en mentionnant la réunion à laquelle les militants avaient participé.
Les droits aux libertés d’association, de réunion et d’expression sont attaqués dans le pays depuis le mois de janvier ; la forte hausse du prix du carburant a entraîné une augmentation du coût de la vie telle que des biens de première nécessité sont devenus inabordables pour les personnes ordinaires.