Égypte, massive grève de la faim à la prison d’al Aqrab

Les autorités égyptiennes doivent immédiatement mettre fin aux conditions de détention cruelles et inhumaines et permettre aux détenus de recevoir régulièrement des visites de leur famille dans la prison de sécurité maximale d’al Aqrab, à Tora, où 130 prisonniers mènent une grève de la faim depuis plus de six semaines, a déclaré Amnesty International le 31 juillet. Un grand nombre des détenus en grève de la faim ont été arrêtés il y a plus de deux ans, et ils n’ont pas été autorisés à recevoir une seule visite de leurs proches ou de leurs avocats.

Face à cette grève de la faim qui a débuté le 17 juin, les autorités ont réagi en frappant les détenus, en leur infligeant des décharges électriques au moyen de tasers et en soumettant certains d’entre eux à des sanctions disciplinaires, dans le but de les obliger à mettre fin à ce mouvement de grève, selon une déclaration [1] publiée par des prisonniers. Dix grévistes de la faim au moins ont eu les yeux bandés et ont été transférés dans des cellules spéciales où ils restent enfermés toute la journée.

« Les autorités égyptiennes ont puni de nombreux détenus à la prison d’al Aqrab, où elles ont atteint un point de rupture. Les conditions de détention ignobles et inhumaines auxquelles s’ajoute la privation de visites de la famille et d’accès à des avocats – dans certains cas depuis plus de deux ans – ont engendré une situation insupportable pour les détenus, a déclaré Magdalena Mughrabi, directrice pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International.

« En refusant de permettre aux détenus de voir leurs proches, les autorités égyptiennes violent de façon flagrante la législation égyptienne et le droit international, et font montre d’une impitoyable cruauté. Au lieu de prolonger leurs souffrances, les autorités égyptiennes devraient immédiatement mettre fin à ces pratiques, et permettre aux détenus de la prison d’al Aqrab de recevoir des visites de leurs proches. »

Interdiction de recevoir des visites de la famille

Selon des documents judiciaires examinés par Amnesty International, en amont de leur procès, la majorité des grévistes de la faim avaient été soumis à une disparition forcée pendant des périodes allant de 11 à 155 jours, avant que les autorités ne reconnaissent les détenir et ne les présentent au service du procureur général de la sûreté de l’État, une division du parquet chargée des infractions liées au terrorisme. Beaucoup ont également dit avoir été soumis à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements par des agents de l’Agence nationale de sécurité (NSA).

Amnesty International a interrogé des membres de la famille de grévistes de la faim qui ont déclaré n’avoir pu jusque-là apercevoir leurs proches que quelques minutes quand ils sont montés dans des voitures de la police pour être conduits dans les locaux du ministère public, au Nouveau Caire, pour leur interrogatoire, et pour en revenir. Quand les détenus ont été jugés, leurs proches n’ont pu les voir qu’à travers des cages vitrées dans les salles d’audience, et ils n’ont pu communiquer avec eux qu’en faisant des signes avec les mains.

Les familles ont aussi expliqué que la police et les agents de sécurité du tribunal les ont agressées physiquement et insultées, et les ont parfois empêchées d’entrer dans la salle d’audience ou ont refusé d’amener les détenus, obligeant ainsi les juges à ajourner l’audience.

Deux de ces personnes ont indiqué que même après avoir été autorisées par le service du procureur général de la sûreté de l’État à rendre visite à leur proche, les autorités de la prison ont systématiquement refusé de permettre cette visite. Une fois, en février 2017, un policier à la prison d’al Aqrab a déchiré un document écrit autorisant une famille à rendre visite à un proche emprisonné.

Les normes internationales prévoient que les détenus doivent être autorisés à contacter régulièrement leur famille, et interdisent d’utiliser la privation de visites de la famille en tant que mesure disciplinaire.

Plusieurs détenus avaient déjà mené des grèves de la faim en octobre 2017 et en février 2018, et mis fin à leur mouvement de protestation après avoir été assurés qu’ils seraient autorisés à recevoir des visites de leur famille, mais ces promesses n’ont jamais été respectées.

Des conditions de détention très éprouvantes

Les détenus sont entassés dans des cellules surpeuplées infestées de moustiques, de mouches et d’autres insectes, où, faute de ventilateurs et d’aération adéquate, la température dépasse les 40 degrés Celsius en été. De plus, les autorités de la prison privent les détenus des soins de santé dont ils ont besoin, ne leur permettent pas de recevoir de la nourriture et des boissons venant de l’extérieur de la prison et apportées par les proches, et ont imposé des restrictions pour les vêtements et les médicaments.

Les autorités égyptiennes doivent mener une enquête digne de ce nom sur les allégations de torture et d’autres mauvais traitements infligés à des détenus en grève de la faim, et déférer à la justice les responsables présumés, dans le respect des normes internationales relatives à l’équité des procès.

Les autorités doivent permettre à des observateurs indépendants d’effectuer des visites dans la prison d’Al Aqrab, afin de vérifier que les conditions de détention sont conformes aux normes internationales.

« Rien ne peut justifier le traitement cruel et inhumain infligé à ces détenus. Les autorités égyptiennes doivent de toute urgence faire en sorte que toutes les personnes qu’elles détiennent reçoivent des soins de santé adéquats et une nourriture suffisante, et qu’elles soient détenues dans des conditions d’hygiène acceptables et dans des cellules suffisamment ventilées conformément au droit international, a déclaré Magdalena Mughrabi.

« Les nombreuses allégations de torture et d’autres mauvais traitements infligés à des grévistes de la faim doivent donner lieu à des enquêtes, et les responsables présumés de ces agissements doivent être déférés à la justice. »

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