Face au refus de l’ambassade d’ouvrir sa porte, ils ont déposé une pétition signée par plus de 27 000 personnes en Belgique demandant la libération de tous les étudiants, militants ou autres manifestants détenus uniquement pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression et de réunion pacifiques. L’organisation demande également que soit garanti leur droit à une procédure régulière et équitable, y compris leur comparution immédiate devant un tribunal.
« Bien qu’indésirables aux yeux de l’ambassade, nous avons pris le parti de nous y rendre à une date symbolique, forts de nos milliers de signatures », explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International. « Il est plus que temps que les autorités nicaraguayennes nous entendent, et cessent de persécuter, enfermer et criminaliser celles et ceux dont le seul tort est de faire entendre une voix qui déplaît au gouvernement. »
« Face au refus de l’ambassade de nous recevoir, nous avons pris le parti de nous y rendre à une date symbolique, forts de nos milliers de signatures »
Depuis le 18 avril 2018, en réponse aux contestations sociales secouant le pays, le gouvernement nicaraguayen a adopté une stratégie de répression violente. Au moins 325 personnes ont été tuées depuis, principalement par les forces de sécurité et les groupes armés pro-gouvernementaux, plus de 2 000 ont été blessées, des centaines détenues de manière arbitraire et des dizaines de milliers contraintes de fuir vers le Costa Rica.
« Tout au long de l’année dernière, le gouvernement du président Daniel Ortega a violemment et constamment réprimé toutes les personnes qui osaient le défier. Les autorités nicaraguayennes bafouent les droits à la justice, à la vérité et à des réparations de centaines de victimes, tout en empêchant les organisations de la société civile et les observateurs internationaux des droits humains de travailler librement dans le pays. Cela doit cesser », indique Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques à Amnesty International.
Parallèlement, Amnesty International et d’autres organisations internationales ont recensé des cas de graves violations des droits humains et des crimes de droit international, notamment des actes de torture et des exécutions extrajudiciaires imputables aux groupes armés pro-gouvernementaux et aux membres de la police nationale du Nicaragua.
Le gouvernement nicaraguayen a par ailleurs expulsé du pays le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, le Groupe interdisciplinaire d’experts indépendants (GIEI) et le Mécanisme spécial de suivi pour le Nicaragua (MESENI), a annulé le statut juridique d’organisations locales de la société civile et continue de harceler les journalistes et les défenseurs des droits humains.
En savoir plus :
Costa Rica : Les autorités doivent garantir les droits humains des personnes fuyant la crise au Nicaragua (Nouvelle, 25 mars 2019)
Nicaragua. Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies prend une mesure importante pour remédier à la crise des droits humains (Nouvelle, 21 mars 2019)
Instilling terror : From lethal force to persecution in Nicaragua (Rapport, 18 octobre 2018)