Hong Kong - « La loi sur la sécurité nationale est un recul sans précédent des droits humains »

Philippe Givron, coordinateur Chine pour la section belge francophone d’Amnesty International, nous éclaire sur les enjeux et la dynamique de cette situation préoccupante, ainsi que sur les menaces qui pèsent sur les droits et libertés fondamentales des citoyen·ne·s hongkongais·e·s.

Quelles sont les particularités du « statut spécial » de Hong Kong ?

Le statut spécial a été défini en 1997, quand la Grande-Bretagne a rétrocédé le territoire à la Chine. Par ce traité à valeur internationale, Hong Kong a reçu une constitution spéciale qui lui garantissait un important degré d’autonomie avec des libertés et droits civils et politiques bien plus élevés qu’en Chine continentale. La formule « un pays, deux systèmes » résume bien la situation.

Comment se fait-il que la Chine ait imposé son contrôle de la sorte sur Hong Kong ?

La Chine tente depuis le début d’accentuer sa mainmise, mais ce qui est nouveau c’est le caractère brutal. Cela peut s’expliquer par le rapport de force entre les deux, Hong Kong ne représentant plus qu’une petite partie de la Chine tant en population qu’en pouvoir économique. Ensuite, l’exécutif hongkongais est manipulé par Pékin et la Chine considère le sujet comme une affaire intérieure, faisant donc fi du traité reconnu internationalement. Enfin, on peut dire que la Chine a profité de la pandémie de COVID-19 pour imposer sa loi, interdisant toutes manifestations pour raisons sanitaires.

En quoi consiste cette nouvelle loi ?

La loi sur la sécurité nationale a été décidée à Pékin, sans aucune concertation et en se calquant sur le modèle chinois. Elle punit tout acte de « subversion » ou de « terrorisme », elle criminalise la « collusion avec l’étranger », le tout avec des peines extrêmement lourdes. Les termes de la loi sont flous avec une interprétation très large et pourront être utilisés de façon arbitraire pour réprimer toute contestation ou opinion critique à l’égard de Pékin. La loi prévoit aussi que certains procès puissent se dérouler à huis clos, voire être transférés à Pékin et sonne la fin d’une justice indépendante. Cette loi signifie un recul sans précédent des droits humains.

Quelles sont les conséquences sur les militant·e·s à Hong Kong ?

Des partis prodémocratie se sont autodissous, des livres ont été déjà retirés des librairies et les militant·e·s ont tendance à s’autocensurer de peur d’être arrêtés. Mais certains font encore preuve de créativité et de résilience, comme en témoigne la récente organisation d’une sorte d’élection primaire au sein de l’opposition ; celle-ci a mobilisé 600000 personnes en dépit des menaces des autorités.

Comment peut-on agir ?

La communauté internationale a sérieusement durci le ton envers Pékin et plusieurs pays ont annoncé vouloir offrir l’asile aux Hongkongais·es. Si les élections pour le Parlement local de septembre sont maintenues avec une participation libre, ce serait l’occasion de montrer l’importance de la place des libertés démocratiques pour les habitant·e·s. Il faut donc continuer de sensibiliser l’opinion et les autorités sur ce drame de régression des droits humains qui est en train de se jouer sous nos yeux.

Agissez en signant notre pétition pour que la Chine cesse les modifications juridiques mettant en péril les droits humains à Hong Kong : amnesty.be/hong-kong-stop-repression

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