Pays-Bas - Rapport annuel 2020

carte Pays-Bas rapport annuel amnesty

Royaume des Pays-Bas
Chef de l’État : Willem-Alexander
Chef du gouvernement : Mark Rutte

Les conditions de type carcéral dans lesquelles étaient détenus des migrant·e·s sont demeurées une source de préoccupation. Le ministre de la Justice et de la Sécurité a annoncé des modifications des dispositions législatives relatives au viol visant à les rendre davantage conformes aux normes en matière de droits humains. La pratique du profilage ethnique par la police a continué de susciter l’inquiétude. Des méthodes de police prédictive s’appuyant sur l’intelligence artificielle ont été utilisées sans que des garanties contre la surveillance de masse et la discrimination aient été instaurées.

Droits des personnes réfugiées, demandeuses d’asile ou migrantes

Dans les centres de rétention, le recours à des mesures punitives telles que l’isolement, qui a plus que doublé par rapport aux années précédentes, a continué de susciter de vives inquiétudes.

Un projet de loi sur la rétention des migrant·e·s a été modifié en juin. Les nouvelles dispositions visaient à donner à la direction des centres de rétention, en cas de troubles dans ces établissements, le pouvoir d’imposer un confinement et de contraindre l’ensemble des personnes retenues à rester en cellule, dans des conditions proches de l’isolement, pendant une période pouvant aller jusqu’à quatre semaines.

Des demandeurs et demandeuses d’asile risquaient toujours d’être expulsés car les documents ne pouvant être vérifiés n’étaient pas pris en considération lors de l’examen des dossiers. Le tribunal de district de La Haye avait posé une question préjudicielle à cet égard en décembre 2019, mais aucune décision n’avait été rendue à la fin de l’année.

Violences faites aux femmes et aux filles

Le ministre de la Justice et de la Sécurité a rendu public, en mai, un avant-projet de loi portant modification de la loi sur les violences sexuelles. Le texte laissait inchangée la définition légale du viol, axée sur la « contrainte par la force » et la « violence ». Il définissait une nouvelle infraction de moindre gravité, les « relations sexuelles contre la volonté de la personne », passible de la moitié de la peine actuellement prévue pour l’infraction de viol.

La définition du viol telle que proposée n’était pas conforme au droit international relatif aux droits humains et n’offrait pas une protection suffisante aux victimes de violences sexuelles. Face aux critiques formulées par des organisations de la société civile, par des victimes et par le Parlement, le ministre a annoncé en novembre qu’il allait modifier ce texte afin que toutes les formes de relations sexuelles non consenties soient définies comme constituant un viol.

Selon un service spécialisé d’assistance téléphonique, le nombre d’appels de personnes ayant besoin d’aide en raison de violences sexuelles a augmenté en mars et en avril pendant la période d’imposition des mesures de confinement liées au COVID-19.

Recours excessif à la force

Le ministre de la Justice et de la Sécurité a travaillé au cours de l’année à l’introduction des armes à décharges électriques pour le maintien de l’ordre. Son objectif était d’équiper quelque 17 000 membres des forces de police en patrouille de Taser X2. Les armes à décharges électriques pourraient être utilisées contre des personnes ne représentant pas une menace imminente pour la vie d’autrui ou un risque grave de blessure pour autrui, en violation des normes internationales.

Discrimination

Bien que de grandes manifestations aient été organisées en mai et en juin dans le sillage du mouvement Black Lives Matter, aucune mesure destinée à combattre la discrimination n’a été prise. Après avoir reconnu, en 2014, que les forces de l’ordre pratiquaient le profilage ethnique, les autorités avaient mis en place des normes professionnelles, des modules de formation et des applications logicielles, entre autres moyens visant à aider les agents à faire usage de manière juste et efficace de leurs pouvoirs en matière d’interpellation et de fouille. Les bilans montraient toutefois que ces outils n’étaient toujours pas utilisés de façon systématique.

Surveillance de masse

Les services de maintien de l’ordre travaillaient de plus en plus sur des profils de risques établis par des algorithmes. La police de la ville de Roermond a lancé un projet expérimental de police prédictive visant à détecter et prévenir des vols supposément commis par des personnes originaires de l’Europe de l’Est. En septembre, une enquête a mis en évidence que ce projet était contraire au droit de ne pas subir de discrimination, au droit au respect de la vie privée et au droit à la protection des données personnelles [1] .

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