Kirghizistan, la tentative de fermeture d’un média par les autorités porte un coup à la liberté de la presse

Au Kirghizistan, la liberté d'expression est attaquée par les autorités

Des informations indiquent que les autorités du Kirghizistan ont engagé une procédure en vue de fermer l’organe de presse indépendant à but non lucratif Kloop Media.

« Kloop Media est une voix indépendante et respectée qui s’efforce d’informer le public sur la situation des droits humains au Kirghizistan en s’appuyant sur des faits. Cette manœuvre des autorités kirghizes visant à obtenir sa fermeture s’inscrit dans une régression progressive de la liberté d’expression et de l’exercice des droits humains par les citoyens et citoyennes du pays, a déclaré Maisy Weicherding, chercheuse chargée de l’Europe et de l’Asie centrale pour Amnesty International.

« La procédure engagée par le parquet de Bishkek se réfère au point de vue critique adopté par les journalistes de Kloop. Pourtant, le droit à la liberté d’expression – qui est protégé par la Constitution du Kirghizistan et par le droit international relatif aux droits humains – implique une protection renforcée pour l’expression politique. Étant donné le rôle de sentinelle des médias, les autorités se doivent de tolérer des niveaux supérieurs de critique.

« La répression incessante de la liberté de parole et d’expression, notamment à l’encontre des journalistes et des détracteurs du gouvernement, ainsi que celle des manifestations pacifiques risquent de réduire à néant les progrès réalisés au Kirghizistan sur le plan des droits humains ces dernières décennies.

« Amnesty International appelle les autorités à annuler immédiatement la procédure engagée et à laisser Kloop continuer son travail essentiel de phare de la vérité et des droits humains dans le pays. »

« Amnesty International appelle les autorités à annuler immédiatement la procédure engagée et à laisser Kloop continuer son travail essentiel de phare de la vérité et des droits humains dans le pays. » Maisy Weircherding

Complément d’information

Au cours des deux dernières années, de plus en plus de personnes ayant critiqué le gouvernement, dont des figures politiques de l’opposition, des militant·e·s des droits humains et des journalistes, qui avaient légitimement exercé leur droit d’amener les autorités du Kirghizistan à rendre des comptes, ont été harcelées, détenues et poursuivies en justice. Un certain nombre d’organes de presse ont en outre été fermés. En septembre 2023, le ministère de la Culture a bloqué le site Internet de Kloop Media après que le Comité d’État pour la sécurité nationale s’est plaint d’un article faisant le portrait d’un responsable de l’opposition, Ravshan Zheenbekov.

Depuis l’adoption de la Loi de 2021 sur la protection contre les informations fausses et inexactes, celle-ci a été utilisée afin de restreindre encore davantage la liberté des médias. Les autorités ont notamment ciblé des professionnel·le·s des médias et des militant·e·s des droits humains et empêché des journalistes et des médias de critiquer des personnalités publiques en ayant recours aux chefs d’inculpation d’incitation à la haine, de désobéissance, de participation à des émeutes et de violence pour réprimer les libertés d’expression et de réunion.

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