Lesotho - Rapport annuel 2022

Lesotho - Rapport annuel 2022

Royaume du Lesotho
Chef de l’État : Letsie III
Chef du gouvernement : Sam Matekane (a remplacé Moeketsi Majoro en octobre)

La procureure générale a abandonné les charges retenues à l’encontre de l’ex-Premier ministre et de son épouse pour meurtre. Des manifestations ont été interdites, toutes les autorisations de rassemblement ayant été refusées jusqu’en août en vertu de la réglementation liée à la pandémie de COVID-19. Les violences policières restaient une source de préoccupation grave ; des cas de torture et d’autres mauvais traitements ont notamment été signalés, ainsi qu’un homicide illégal. Les violences liées au genre ont continué d’augmenter et les femmes étaient marginalisées dans les domaines économique et politique. L’accès aux services de santé était limité, en particulier pour les femmes et les filles vivant en zone rurale.

Contexte

Le Parlement a été dissous en juillet pour préparer les élections générales d’octobre. Il a été reconvoqué le 24 août dans le cadre de l’état d’urgence et a finalement adopté, le 31 août, des réformes constitutionnelles attendues de longue date. La Haute Cour a ensuite jugé que l’état d’urgence était inconstitutionnel et que, par conséquent, le Parlement n’avait pas le pouvoir d’adopter des lois modifiant la Constitution.

Impunité

Invoquant l’absence de témoins directs, la procureure générale a abandonné le 26 juillet les charges retenues contre l’ancien Premier ministre Thomas Thabane et son épouse actuelle Maesaiah Thabane pour le meurtre, en 2017, de son ex-femme, Lipolelo Thabane, et la tentative de meurtre sur la personne de son amie Thato Sebolla. Entre 2017 et 2020, plusieurs personnes ayant été témoins des faits avaient trouvé la mort dans des circonstances mystérieuses et d’autres avaient quitté le pays, craignant pour leur vie.

Torture et autres mauvais traitements

Les violences policières restaient une source de préoccupation importante, certains membres des forces de sécurité ayant été impliqués dans l’homicide d’un manifestant et dans des actes de torture et d’autres mauvais traitements. Les autorités policières ont été visées par plusieurs procédures judiciaires de demande d’indemnisation pour un montant total s’élevant à plusieurs millions de dollars américains. Elles étaient notamment accusées d’avoir torturé l’avocat Napo Mafaesa en détention au poste de police de Ha Mabote en janvier, ainsi qu’une habitante de Ha Pita, Mateboho Matekane, au poste de police de Lithoteng, dans la capitale, Maseru, en novembre 2021.

Le 19 mai, 35 personnes, dont 16 femmes, ont été torturées par des membres de la police et des Forces de défense du Lesotho après avoir manifesté, notamment en bloquant des routes, contre les coupures d’électricité à Liseleng, un village du district de Thaba-Tseka. Ces manifestant·e·s ont été battus et forcés à parcourir plusieurs mètres aller-retour en roulant sur eux-mêmes sur un chemin boueux menant à la rivière Matsoku. Ils ont été incarcérés et inculpés de troubles à l’ordre public, puis remis en liberté sous caution avant de comparaître devant le tribunal de première instance de Thaba-Tseka en mai et en juin. L’affaire était toujours en cours à la fin de l’année.
Le commissaire national de la police a déclaré à Amnesty International que sept membres du Service de police montée du Lesotho avaient été suspendus de leurs fonctions et faisaient l’objet d’une enquête pour avoir tiré sur des étudiants qui manifestaient à l’Université nationale du Lesotho le 16 juin. Un étudiant, Kopano Francis Mokutoane, avait été tué et plusieurs autres blessés.

Liberté de réunion et d’association

Les restrictions des droits à la liberté de réunion pacifique et d’association qui avaient été mises en place en 2020 sous prétexte de lutte contre la pandémie de COVID-19 ont été levées en août, ce qui a permis la reprise des rassemblements politiques et la réouverture des boîtes de nuit.

Droits des femmes

Les violences liées au genre ont encore augmenté, notamment la violence domestique, qui touchait principalement les femmes et les enfants. L’accès à la justice pour les femmes, en particulier dans les zones rurales, était limité en partie à cause du manque de transports et de la pauvreté, qui empêchaient les victimes de se rendre dans les postes de police et les tribunaux situés en ville.
Toujours exclues de la participation à la vie économique et politique du pays, les femmes étaient confrontées au triple fardeau de la pauvreté, du chômage et des inégalités.

Droits économiques, sociaux et culturels

La pauvreté et les inégalités demeuraient répandues et ont été aggravées par les conséquences de la pandémie de COVID-19 sur l’économie. Les performances économiques du pays, déjà mauvaises, ont été encore affaiblies par la pandémie, qui a mis à mal des secteurs tels que la production, notamment textile, l’industrie minière, le bâtiment et les services. La plupart des ménages ont par conséquent vu leurs revenus diminuer. La Banque mondiale a indiqué que la réduction de la pauvreté ne progresserait que lentement, car les prix des denrées alimentaires et de l’énergie étaient en hausse et la fragilité du contexte économique limitait le budget et les sources de revenus des ménages les plus pauvres. Les projections prévoyaient un taux de pauvreté en légère diminution (35,2 % en 2022 contre 36 % en 2021).

Droit à la santé

En 2022, environ 300 000 personnes sur une population de 2,3 millions vivaient avec le VIH/sida ; la majorité d’entre elles étaient des femmes et des adolescentes, qui étaient également plus exposées à la réprobation sociale. De nombreuses personnes, en particulier des femmes ayant besoin de services de santé maternelle et d’autres soins essentiels, n’avaient pas la possibilité de se rendre dans des établissements médicaux, notamment à cause de l’état médiocre du réseau routier en zone rurale. En outre, en raison de la pénurie de transports, beaucoup de femmes étaient contraintes d’accoucher chez elles plutôt que dans des structures de soins.

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