Écrire Des universitaires condamnés sur la base d’accusations de trahison forgées de toutes pièces

Les intellectuels Bahruz Samadov et Igbal Abilov, condamnés à l’issue de procès inéquitables à 15 et 18 ans de prison respectivement, sur la base de charges de trahison fabriquées de toutes pièces, doivent être libérés immédiatement et sans condition.

Ces procédures et condamnations illustrent la campagne menée par les autorités azerbaïdjanaises contre des opposant·e·s, des universitaires et des défenseur·e·s des droits humains, qui sont uniquement poursuivis pour l’exercice non violent de leur liberté d’expression.

Bahruz Samadov, doctorant à l’universite Charles de Prague, dénonce de longue date les violations des droits humains en Azerbaïdjan, tout en appelant de ses vœux la paix dans le Caucase du Sud. Depuis 2020, après qu’il a co-signé la « Déclaration anti-guerre de la jeunesse de gauche en Azerbaïdjan », il a été calomnié par les médias d’État, des experts et des fonctionnaires, qui l’ont qualifié de « traitre » pour ses positions anti-guerre et ses appels à la paix.

En visite en provenance de Prague, il a été arrêté le 21 août 2024 à Bakou, et a été inculpé de « haute trahison » en vertu de l’article 274 du Code pénal. Sa famille et un avocat de son choix n’ont pas pu s’entretenir avec lui au cours des deux jours ayant suivi son arrestation. On lui a refusé une libération sous caution, et la demande déposée par sa défense afin qu’il puisse être assigné à domicile et parler à ses proches durant sa détention provisoire a été rejetée.

Bahruz Samadov a nié toutes les accusations portées contre lui, affirmant qu’il n’existe aucun élément attestant sa collaboration avec les renseignements arméniens. Ses écrits, publiés par des médias régionaux et internationaux respectés, notamment OC Media, Eurasianet et openDemocracy, portaient sur des solutions pacifiques au conflit opposant l’Arménie et l’Azerbaïdjan, et sur les droits humains, de même que ses publications sur les réseaux sociaux.

Les charges retenues contre Bahruz Samadov découlent de son militantisme pacifique, de son travail de plaidoyer en faveur du dialogue et de la paix avec l’Arménie voisine, et de ses critiques concernant l’expulsion de la population d’origine arménienne de la région séparatiste du Haut-Karabakh, que l’Azerbaïdjan a placée sous son contrôle par la force militaire entre 2020 et 2022.

Les principaux éléments à charge présentés contre Igbal Abilov devant le tribunal se composaient semble-t-il d’échanges avec un universitaire arménien sur des questions relatives aux droits des minorités, ce qui constituait, selon le parquet, des faits d’espionnage et de trahison. Igbal Abilov nie catégoriquement toutes ces accusations, et ses collègues ont déclaré à Amnesty International que ces échanges s’incrivaient dans une collaboration intellectuelle dans le cadre d’études linguistiques et ethnographiques, sans que rien n’indique que des informations classées secrètes ou sensibles aient jamais été partagées.

Le procès d’Igbal Abilov s’est tenu à huis clos - excluant donc observateurs indépendants, journalistes et défenseur·e·s des droits humains - ce qui suscite de sérieux doutes quant à l’impartialité de la procédure.

Des représentants des autorités azerbaïdjanaises et les médias d’État ont déclaré qu’Igbal Abilov était coupable de trahison, et ce bien avant la fin du procès, bafouant ainsi son droit à la présomption d’innocence. De la même façon, dans le cas de Bahruz Samadov, aucun élément crédible n’a jamais été produit - ni la moindre information relative à une quelconque preuve - pour justifier les allégations de haute trahison et la lourde peine qui a suivi.

Cela fait longtemps que les autorités azerbaïdjanaises utilisent le système de justice pénale de manière abusive afin d’étouffer toute opinion ou tout travail de recherche critique.

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