Le 25 mai, des membres armés des forces houthies ont fait irruption lors d’un rassemblement pacifique de la communauté baha’ie à Sanaa, la capitale du Yémen ; ils ont brièvement soumis à une disparition forcée et arrêté arbitrairement 17 membres de cette communauté, dont cinq femmes, des défenseur·e·s des droits humains et du personnel humanitaire.
Amnesty International a réuni depuis 2015 des informations sur la situation de 82 membres de la communauté baha’ie du Yémen qui ont été soumis à une disparition forcée, torturés, détenus au secret et privés du droit à un procès équitable après avoir été arrêtés par les autorités houthies de facto.
Cinq Baha’is arrêtés en 2016 ont été détenus pendant plus de deux ans sans inculpation ni jugement et sans aucun moyen de contester leur placement en détention, avant d’être finalement inculpés en septembre 2018 de diverses infractions graves, notamment d’espionnage pour le compte d’États étrangers, dont certaines sont passibles de la peine de mort. Ils ont été jugés dans le cadre d’un procès collectif incluant 25 membres de la communauté baha’ie au total ; les 19 autres, dont la fille adolescente d’un détenu baha’i, ont été inculpés par contumace.
En 2020, les autorités houthies de facto ont ordonné la libération de tous les prisonniers baha’is à la condition qu’ils quittent le pays. Cependant, les charges retenues contre les 24 Baha’is n’ont pas été abandonnées.
Hamid Haydara, un prisonnier d’opinion baha’i qui avait été arrêté en 2013, a été libéré en 2020. Il avait été condamné à mort en 2018 et a été gracié en 2020. Amnesty International avait fait part aux autorités houthies de facto de ses préoccupations concernant les motifs de sa détention et la procédure judiciaire entachée de graves irrégularités dans son cas, notamment avec une détention provisoire prolongée, des retards injustifiés concernant son procès, des allégations d’actes de torture et d’autres mauvais traitements, et du fait qu’il n’avait pas bénéficié des services d’un avocat pendant ses interrogatoires.
Toutes les parties au conflit armé qui se déroule au Yémen, y compris les forces houthies, le gouvernement reconnu par la communauté internationale, le Conseil de transition du Sud, la coalition dirigée par l’Arabie saoudite ainsi que les forces yéménites soutenues par les Émirats arabes unis, ont commis des crimes de droit international et des violations du droit international humanitaire en se livrant notamment à des homicides volontaires, des détentions arbitraires, des disparitions forcées, des actes de torture et d’autres mauvais traitements, et des procès iniques.
Le 17 octobre 2023, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a adopté une résolution demandant aux autorités houthies de facto « de lever les obstacles qui empêchent l’accès des secours et de l’aide humanitaire, de libérer les travailleurs humanitaires enlevés et de mettre fin à la violence et à la discrimination à l’égard des femmes ainsi qu’aux attaques fondées sur la religion ou les croyances ».