Natalia Charina a passé deux nuits dans une cellule et est actuellement placée en résidence surveillée, après que des « livres extrémistes » ont semble-t-il été retrouvés dans la bibliothèque où elle travaille. Cette prisonnière d’opinion encourt jusqu’à cinq ans d’emprisonnement.
Natalia Charina, directrice de la bibliothèque publique de littérature ukrainienne à Moscou, a été arrêtée à son domicile tôt le matin du 28 octobre par des enquêteurs du Comité d’enquête (principale autorité chargée des enquêtes fédérales en Russie). Ils ont fouillé son logement pendant plusieurs heures, puis l’ont emmenée à la bibliothèque où ils ont effectué une perquisition afin de trouver des ouvrages de « littérature extrémiste ».
Les enquêteurs auraient trouvé des œuvres du nationaliste ukrainien Dimitri Kortchinski, dans une pile de livres qui n’avaient pas encore été indexés ni mis à la disposition des personnes inscrites à la bibliothèque. Dans la soirée du 28 octobre, Natalia Charina, a été interrogée par des enquêteurs et ce n’est qu’à 3 heures du matin qu’elle a été conduite au poste de police du district de Taganski. Une fois sur place, elle a passé la nuit en garde à vue dans une cellule bondée (où étaient également détenus des hommes), puis a été transférée au centre d’isolement temporaire du même district, où elle a été incarcérée jusqu’au 30 octobre. On ne lui a proposé ni literie, ni nourriture, ni eau pendant sa détention.
Natalia Charina, 58 ans, souffre d’hypertension et a eu besoin d’une assistance médicale en urgence à quatre reprises pendant ses deux jours de détention. Lorsque les médecins urgentistes ont demandé son hospitalisation, un des enquêteurs a officiellement répondu que cela prendrait trois jours, mais n’a pris aucune mesure.
Le 29 octobre, le Comité d’enquête a ouvert des poursuites contre Natalia Charina au titre de l’article 282 du Code pénal (« incitation à la haine et à l’inimitié nationales, et à l’humiliation de la dignité humaine »). Un représentant du Comité d’enquête a déclaré à la presse que durant la perquisition, les enquêteurs avaient trouvé des documents imprimés diffusant une « propagande anti russe et anti Russie ». Le 30 octobre, Natalia Charina a été placée en résidence surveillée, ce qui signifie qu’elle ne peut s’entretenir qu’avec son avocat et les parents proches avec lesquels elle vit. Elle ne peut utiliser ni Internet ni son téléphone, sauf pour appeler une ambulance. Si elle souhaite quitter son domicile, pour toute raison autre qu’une urgence médicale, elle doit obtenir la permission des enquêteurs. Elle a demandé l’autorisation de sortir marcher, qui lui a été refusée.
Natalia Charina est une prisonnière d’opinion qui a été privée de liberté et se retrouve visée par des poursuites pénales pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression.