Cinq militants ont été libérés sous caution, mais six sont toujours détenus pour avoir commémoré le 27e anniversaire de la répression de Tiananmen. Ils risquent d’être victimes de torture et d’autres formes de mauvais traitements.
Au cours des mois de mai et juin, au total onze militants de Pékin, du Sichuan et de Chongqing ont été arrêtés après avoir commémoré le 27e anniversaire de la répression de Tiananmen. Le 21 juin, Ma Qing, originaire du Sichuan, a été libérée sous caution. Elle avait été arrêtée pour avoir « cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public », car elle avait fait la promotion sur WeChat d’une publicité pour un baijiu, un alcool très consommé en Chine, dont l’étiquette indiquait « Souvenez-vous, Huit-Alcool-Six-Quatre », en référence à la date du 4 juin 1989, et représentait la célèbre image d’un homme faisant face à des chars. Quatre militants de Pékin, Xu Caihong, Ma Xinli, Liang Taiping et Li Wei ont été libérés sous caution le 29 juin. Ils avaient été placés en détention, soupçonnés d’avoir « cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public », après s’être rassemblés à Pékin pour commémorer la date anniversaire.
Les autorités chinoises ont traqué les militants qui organisaient des activités pour commémorer la répression de Tiananmen. Six militants sont toujours en détention : Zhang Baocheng, Zhao Changqing, Fu Hailu, Luo Yaling, Luo Fuyu et Zhang Junyong. Zhang Baocheng et Zhao Changqing, arrêtés pour avoir « cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public », sont toujours détenus au centre de détention du district de Fengtai, à Pékin. Fu Hailu, Luo Fuyu et Zhang Junyong, qui sont impliqués dans l’affaire concernant le baijiu, ont été placés en détention pour « incitation à la subversion de l’État ». Ils sont détenus au centre de détention de la ville de Chengdu. Luo Yaling, arrêtée pour avoir « cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public » est détenue au centre de détention du district de Jiangbei, à Chongqing.
Écrire Cinq militants libérés, six toujours détenus
En avril 1989, des manifestations organisées à l’instigation de plusieurs étudiants qui se réunissaient initialement pour honorer la mémoire du haut responsable du Parti communiste, Hu Yaobang, se sont propagées rapidement dans l’ensemble du pays. Les étudiants réclamaient qu’il soit mis fin à la corruption des fonctionnaires et appelaient à des réformes politiques et économiques. Leurs demandes ont emporté l’adhésion d’un large public. Des manifestations pacifiques ont eu lieu à Pékin et dans toute la Chine. Les autorités n’ont pas réussi à convaincre les manifestants de rentrer chez eux. Compte tenu de l’escalade des tensions à Pékin, l’état de siège a été instauré le 20 mai.
Dans la nuit du 3 juin 1989, des militaires lourdement armés et des centaines de véhicules blindés sont arrivés dans la ville pour mettre fin aux manifestations en faveur de la démocratie. De nombreux civils, dont des enfants et des personnes âgées, ont été abattus par des soldats. Le 4 juin, l’armée avait pris totalement le contrôle de Pékin.
Fin juin 1989, les autorités chinoises ont publié un rapport officiel dans lequel elles affirmaient que « plus de 3 000 civils avaient été blessés et plus de 200, dont 36 étudiants, avaient trouvé la mort dans les émeutes ». Elles y indiquaient aussi que plusieurs dizaines de militaires étaient décédés. Bien qu’on ignore toujours si ces chiffres sont exacts, ils sont probablement en deçà de la réalité.
Immédiatement après la répression militaire, les autorités ont commencé à traquer les personnes qui avaient participé aux manifestations. De nombreux civils ont été arrêtés, torturés ou emprisonnés à l’issue de procès iniques. Beaucoup ont été inculpés de crimes « contre-révolutionnaires ». Bien que les infractions « contre-révolutionnaires » aient été supprimées du Code pénal en 1997, les affaires concernant des personnes déjà incarcérées pour de telles infractions, notamment celles ayant participé aux manifestations de 1989 en faveur de la démocratie, n’ont pas été réexaminées.
Parmi les militants détenus pour avoir commémoré le 27e anniversaire de la répression de Tiananmen cette année figurent Zhang Baocheng, Zhao Changqing et Li Wei, qui appartenaient au réseau informel « Mouvement des nouveaux citoyens », dirigé par le juriste Xu Zhiyong. Ce réseau préconisait des activités visant à endosser une « nouvelle responsabilité citoyenne » consistant à rejeter la corruption et à faire le bien de la société, à participer à la vie civique en organisant des réunions sur la situation politique, à aider les plus faibles et à s’unir pour partager et coordonner le travail. En avril 2014, Li Wei et Zhang Baocheng ont été condamnés à deux ans d’emprisonnement et Zhao Changqing à deux ans et demi pour avoir « organisé un rassemblement dans le but de troubler l’ordre public ». Li Wei, Zhang Baocheng et Zhao Changqing ont été libérés à l’issue de leur peine, respectivement en avril, mars et octobre 2015.
Noms : Luo Fuyu (h), Zhang Junyong (h), Zhang Baocheng (h), Zhao Changqing (h), Xu Caihong (f), Ma Xinli (h), Liang Taiping (h), Li Wei (h), Fu Hailu (h), Ma Qing (f), Luo Yaling (f)
Hommes et femmes
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