Le 24 mai 2022, Moreblessing Ali, militante du principal parti d’opposition, la Coalition des citoyens pour le changement (CCC), a été enlevée au centre commercial de Chibhanguza, à Nyatsime, dans la ville dortoir de Chitungwiza, située à 22 km de Harare, la capitale du Zimbabwe. Le ravisseur présumé, identifié par des personnes qui se trouvaient au centre commercial, est un militant connu du parti au pouvoir, la ZANU-PF. Le 11 juin 2022, le corps mutilé de Moreblessing Ali a été retrouvé dans un puits au domicile d’un sympathisant de la ZANU-PF. Les sympathisant·e·s de la ZANU-PF ont rapidement nié la motivation politique de l’enlèvement et de l’homicide de Moreblessing Ali et ont qualifié les faits de « relation ayant mal tourné ».
Job Sikhala, député membre de la CCC et avocat, qui a été arrêté 67 fois au total pour des accusations motivées par des considérations politiques, a dirigé les recherches de Moreblessing Ali et a été désigné comme avocat par sa famille. Il a mobilisé des appels en faveur de la justice, contre lesquels les sympathisant·e·s de la ZANU-PF se sont élevés. Un conseiller de la ZANU-PF a déclaré que les personnes assistant aux obsèques n’étaient pas supposées se réunir à Nyatsime en mémoire de la mort de Moreblessing Ali, bien que ce soit l’endroit où celle-ci vivait.
Le 14 juin 2022, après les funérailles de Moreblessing Ali, des affrontements ont éclaté entre des membres de la ZANU-PF et de la CCC, et ont entraîné des destructions de biens privés. Job Sikhala et Godfrey Sithole, un autre député de la CCC, ont été arrêtés et inculpés d’« incitation à la violence ou à la violence publique », sous le prétexte qu’ils auraient fait des déclarations incitant à la violence et fourni des véhicules pour conduire des sympathisant·e·s de la CCC des villes de Chitungwiza et Epworth vers Nyatsime. S’ils sont déclarés coupables, ils encourent une longue peine de prison, dont la durée est souvent laissée à la discrétion des magistrat·e·s.
Le 14 juillet, Job Sikhala a en outre été inculpé d’« entrave à la justice », au titre de l’article 184(1) (e) de la Loi de réforme et de codification du droit pénal, une infraction passible d’une amende et/ou d’une peine de prison pouvant atteindre six mois.