Siarheï Vostrykaou est le dernier condamné à mort du Bélarus, les autorités ayant exécuté les trois autres le 5 novembre. Sa sentence risque d’être appliquée à tout moment.
Le 19 mai, Siarheï Vostrykaou, 33 ans, a été déclaré coupable de viol et de meurtre dans deux affaires distinctes et condamné à mort. Le 4 octobre, la Cour suprême a confirmé la sentence capitale prononcée à son encontre. Siarheï Vostrykaou était accusé d’avoir tué deux femmes qui étaient ses collègues, la première en juillet 2014 et la seconde en juillet 2015.
Il est le dernier condamné à mort du Bélarus, les autorités ayant exécuté Siarheï Khmialeïouski, Ivan Koulech et Hyanadz Yakavitski le 5 novembre. Sa sentence risque d’être appliquée à tout moment.
Au Bélarus, la date et l’heure d’exécution ne sont pas communiquées au préalable. Les familles d’Ivan Koulesh, de Siarheï Khmialeïouski et de Hyanadz Yakavitski n’ont été informées qu’il y a quelques jours, autrement dit plusieurs semaines après les exécutions. Conformément au droit bélarussien, les corps ne seront pas restitués et leur lieu d’inhumation ne sera pas révélé.
Le Bélarus est le dernier pays d’Europe et d’Asie centrale appliquant encore la peine de mort.
Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, sans exception. Ce châtiment viole le droit à la vie, inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Il s’agit du châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit.
Écrire Le dernier condamné a mort est en danger
L’Union européenne et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe ont publié cette année des déclarations dans lesquelles elles demandent au Bélarus de respecter le droit à la vie de tous ses citoyens et de se joindre à un moratoire mondial sur la peine de mort, ce qui constituerait un premier pas vers une abolition totale de celle-ci. Le recours répété à cette pratique va à l’encontre de tout progrès souhaité par le groupe de travail parlementaire bélarussien sur les perspectives d’abolition de la peine de mort, qui a été créé en février 2010 et continue de faire rapport à des observateurs internationaux sur le recours à la peine de mort au Bélarus.
Au Bélarus, les condamnations à mort sont souvent prononcées à l’issue de procès iniques qui s’appuient sur des « aveux » obtenus sous la contrainte. Les exécutions se déroulent dans le plus grand secret, sans que les personnes condamnées, leurs familles ou leurs avocats n’en soient informés dans un délai raisonnable, et les autorités refusent de remettre les corps des personnes exécutées à leurs proches ou même de leur dire où elles ont été inhumées. Le Bélarus continue de procéder à des mises à mort bien que le Comité des droits de l’homme des Nations unies l’ait plusieurs fois appelé à s’en abstenir tant qu’il n’aurait pas examiné ces affaires. En novembre 2012, le Comité a conclu que l’application de la peine capitale dans ce pays bafouait les droits fondamentaux des personnes condamnées et de leurs familles.
En omettant de rendre publiques toutes les informations sur cette pratique – notamment des statistiques exhaustives sur le nombre de condamnations à mort prononcées et d’exécutions effectives – les autorités empêchent un débat public éclairé sur cette question et font obstacle au mouvement en faveur de l’abolition.
À ce jour, 140 pays ont aboli la peine capitale en droit ou dans la pratique. Trois autres États – Fidji, Madagascar et le Suriname – sont devenus abolitionnistes pour tous les crimes en 2015.
Nom : Siarheï Vostrykaou
Homme
J'agis
DANS LES APPELS QUE VOUS FEREZ PARVENIR LE PLUS VITE POSSIBLE AUX DESTINATAIRES MENTIONNÉS CI-APRÈS (en bélarussien, en russe ou dans votre propre langue) :
exhortez le président Alexandre Loukachenko à empêcher l’exécution de Siarheï Vostrykaou et à commuer immédiatement sa peine de mort ;
appelez-le à instaurer sans délai un moratoire sur les exécutions en vue d’abolir la peine de mort ;
soulignez que si nous ne cherchons pas à minimiser la gravité des faits dont Siarheï Vostrykaou a été déclaré coupable, différentes études montrent que la peine de mort n’est pas plus dissuasive que d’autres sanctions et constitue une négation absolue des droits humains.