Emirlendris Benítez est une mère, une sœur et une commerçante vénézuélienne. Le 5 août 2018, elle a été arrêtée de manière arbitraire pour des motifs forgés de toutes pièces. Les autorités l’ont associée à tort à des actes de violence commis contre de hauts responsables politiques au Venezuela. Cette accusation ne repose sur aucune preuve, et elle affirme catégoriquement qu’elle n’a rien à voir avec ces événements. En détention, elle a été soumise à des actes de torture alors qu’elle était enceinte. Quelques semaines après son arrestation, elle a été transférée de force dans un établissement médical et sa grossesse a été interrompue à son insu et sans son consentement.
Du fait des actes de torture auxquels elle a été soumise, elle aura longtemps besoin d’un fauteuil roulant pour se déplacer. En 2022, elle a été condamnée à 30 ans de prison par un tribunal dont les décisions sont partiales et motivées par des considérations politiques. Emirlendris Benítez n’aurait jamais dû être placée en détention, car tout indique que les charges retenues à son encontre sont à caractère politique. La peine très lourde prononcée contre elle doit par ailleurs être annulée et elle doit être immédiatement libérée.
Guillermo Zárraga est un ingénieur vénézuélien qui travaillait comme opérateur-technicien pour Petróleos de Venezuela S.A., la société pétrolière publique du Venezuela, à la raffinerie de Cardón, sur l’installation de craquage catalytique de Coro (État de Falcón). Il était également responsable au sein du Syndicat unique des travailleurs, dans cette même entreprise. Il a été arrêté à son domicile le 14 novembre 2020 à 3 heures du matin par des membres de la Direction des renseignements militaires. Selon son acte d’inculpation, il est accusé d’avoir fourni des informations relatives à la sécurité nationale à un Américain qui avait été arrêté en septembre et était soupçonné d’être un agent de la CIA essayant de saboter l’industrie pétrolière. Outre son rôle de responsable syndical, Guillermo Zárraga avait été photographié avec Juan Guaido, un dirigeant de l’opposition bien connu.
Ce cliché a été ajouté aux éléments à charge afin d’attester l’intention présumée de Guillermo Zárraga de soutenir ces opérations de sabotage. Bien que le gouvernement de Nicolás Maduro ait remis en liberté l’homme soupçonné d’être un agent de la CIA, Guillermo Zárraga est maintenu en détention de manière arbitraire.
Comme c’est le cas pour Emirlendris Benítez, la famille de Guillermo Zárraga n’a pas les moyens de le soutenir en détention, et les autorités pénitentiaires ne fournissent pas aux détenu·e·s de nourriture adéquate ni d’eau potable. Ses besoins nutritionnels ne sont donc pas satisfaits et sa santé s’est gravement détériorée durant sa détention.
Le gouvernement de Nicolás Maduro ne cesse de harceler, de poursuivre et de censurer les militant·e·s et les organisations de la société civile œuvrant pour protéger les droits des Vénézuélien·ne·s dans le contexte d’une crise humanitaire complexe, et d’une profonde crise des droits humains qui a poussé un nombre record de personnes à fuir le pays en quête de sécurité et de protection. Au mois d’août 2023, plus de 7,71 millions de personnes avaient fui le pays, soit 25 % de la population totale du Venezuela.
Depuis 2020, quatre rapports de la Mission internationale indépendante d’établissement des faits sur la République bolivarienne du Venezuela ont fourni des informations détaillées sur des centaines de cas d’exécutions extrajudiciaires, de disparitions forcées, de détentions arbitraires, d’actes de torture et d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants commis dans le pays depuis 2014, ainsi que d’exemples d’instrumentalisation de la justice par le gouvernement dans le cadre de sa politique répressive, en concluant que ces graves violations des droits humains pourraient constituer des crimes contre l’humanité.