Huang Qi a créé « 64 Tianwang » avec son épouse de l’époque, Zeng Li, en 1998. Ce site Internet reste l’un des rares en Chine continentale qui recueille et diffuse des informations sur les actions de protestation de « pétitionnaires » dans ce pays. La majorité des personnes qui contribuent au site étaient « pétitionnaires » avant de devenir journalistes citoyens et de couvrir les manifestations et les arrestations d’autres « pétitionnaires ». Huang Qi a été déclaré coupable de « divulgation intentionnelle de secrets d’État » (故意泄露国家秘密罪) et « divulgation de secrets d’État à une entité étrangère » (为境外非法提供情报罪) par le tribunal populaire intermédiaire de la ville de Mianyang le 29 juillet 2019.
En avril 2020, sa mère, Pu Wenqing, a publié en ligne une lettre ouverte dans laquelle elle expliquait qu’elle devait rendre visite à Huang Qi deux mois après son transfert à la prison de Bazhong, dans le Sichuan, en décembre 2019. Cependant, en raison de l’épidémie de COVID-19, cette visite a été annulée et elle n’a reçu aucune nouvelle information sur la date à laquelle elle serait autorisée à voir son fils. Dans sa lettre, Pu Wenqing a confié que sa propre santé se détériorait rapidement et qu’aucun traitement n’était disponible pour les tumeurs qui lui rongent les poumons. Elle souffre aussi de diabète et de problèmes hépatiques, rénaux et digestifs, et craint de ne pas revoir son fils avant de mourir.
Huang Qi a pu enfin parler avec sa mère le 17 septembre 2020, pour la première fois depuis qu’il a été placé en détention il y a plus de quatre ans. La conversation, qui aurait duré 30 minutes, a surtout porté sur la situation actuelle de Huang Qi. Sa mère lui aurait demandé de l’appeler par vidéo chaque mois. Cependant, on ignore si les autorités lui accorderont cette requête.
Huang Qi a été arrêté pour la première fois en 2016 et a signalé des mauvais traitements tout au long de sa détention. Le 23 octobre 2018, il a déclaré à son avocat que les médecins et les agents du centre de détention fournissaient de faux rapports concernant sa tension artérielle et minimisaient la gravité de ses problèmes de santé. Auparavant, le 28 juillet 2017, Huang Qi a déclaré à son avocat que des policiers lui avaient ordonné de rester debout pendant plusieurs heures d’affilée et l’avaient interrogé à maintes reprises et fréquemment insulté, depuis son arrestation fin 2016. Le 3 novembre 2017, il a déclaré qu’il avait été frappé par d’autres détenus au centre de détention de la ville de Mianyang, dans la province du Sichuan, entre le 24 et le 26 octobre, et qu’au moins un des gardiens du centre était au courant.
Au fil des ans, Huang Qi et d’autres personnes contribuant au site « 64 Tianwang » ont été arrêtés ou harcelés par les autorités chinoises à plusieurs reprises. Huang Qi a été emprisonné deux fois. Il a d’abord été placé en détention en juin 2000, à l’occasion du 11e anniversaire de la répression de Tiananmen, avant d’être condamné à cinq ans d’emprisonnement en mai 2003 pour « incitation à la subversion du pouvoir de l’État ». Il a été de nouveau emprisonné pendant trois ans après avoir dénoncé le scandale de la construction de bâtiments ne respectant pas les normes, à la suite du séisme qui a secoué le district de Wenchuan, au Sichuan, en 2008.
En outre, les avocats qui travaillent sur le dossier de Huang Qi sont victimes d’actes de harcèlement et d’intimidation de la part des autorités. Sui Muqing, avocat basé à Guangzhou, a été radié du barreau en février 2018 à la suite d’une notification envoyée par le département provincial de la Justice de Guangdong. Cet avocat, qui avait défendu Huang Qi, pense que cette sanction est liée au fait qu’il représente des défenseurs des droits humains.
Un autre avocat de Huang Qi, Liu Zhengqing, a également été radié du barreau en janvier 2019.