L’avocat spécialisé dans la défense des droits humains Bouzourgmekhr Yorov purge une peine de 28 ans de prison pour des accusations à caractère politique. Il serait régulièrement soumis à des coups – accompagnés de menaces, d’insultes et d’actes de harcèlement – infligés par des gardiens du centre de détention. Bouzourgmekhr Yorov risque encore d’être victime de torture ou d’autres formes de mauvais traitements.
Le 27 septembre, les autorités tadjikes ont permis à la mère de Bouzourgmekhr Yorov de lui rendre visite au centre de détention provisoire n° 1 (SIZO) à Douchanbé, la capitale du Tadjikistan, où il est actuellement détenu. Lors de cette rencontre, Bouzourgmekhr Yorov a raconté à sa mère que les gardiens du centre de détention le frappaient régulièrement, tout comme ses compagnons de cellule, leur assénant des coups de pied, d’armes et de matraques sur la tête et d’autres parties du corps. Les coups se sont intensifiés au cours du dernier mois. Bouzourgmekhr Yorov a même dû être transféré à l’hôpital du centre de détention pour y être soigné. Au bout de quelques jours, il a été reconduit dans sa cellule. Il a déclaré à sa mère que les coups s’accompagnent d’insultes, d’humiliations et de menaces. Dans une interview accordée à Radio Free Europe Radio Liberty (RFE/RL) le 4 octobre, le responsable du centre a déclaré que Bouzourgmekhr Yorov est maintenu à l’isolement depuis le 29 septembre, au motif qu’il a enfreint son régime de détention. On ignore en quoi consiste cette « violation ». C’est au moins la quatrième fois que Bouzourgmekhr Yorov est détenu à l’isolement. Dans une interview accordée à RFE/RL le 28 septembre, le responsable du SIZO a nié toutes les allégations de torture et de mauvais traitements qu’auraient subis Bouzourgmekhr Yorov.
Bouzourgmekhr Yorov, qui représentait plusieurs coaccusés dans l’affaire visant le Parti de la renaissance islamique au Tadjikistan (PRIT), formation politique interdite, a été arrêté par la police le 28 septembre 2015 pour des accusations d’escroquerie et de faux, soi-disant sans aucun lien avec son rôle dans l’affaire du PRIT. Pourtant, lors de son arrestation, la police a saisi des documents concernant cette affaire, en violation du principe de confidentialité de la relation entre un avocat et ses clients. Peu après, des charges supplémentaires liées à l’extrémisme ont été portées à son encontre et, en octobre 2016, le tribunal municipal de Douchanbé l’a condamné à 23 ans de prison à l’issue d’un procès inique. Depuis, des poursuites ont été engagées à son encontre dans trois autres affaires pour escroquerie, « outrage » à magistrat et à des représentants du gouvernement, et insulte au « chef de la nation » ; il a été condamné à cinq années supplémentaires d’emprisonnement.