Les membres du COPINH sont la cible de menaces et de harcèlement depuis des années en raison de leurs activités. Berta Cáceres, dirigeante et cofondatrice du COPINH, a été abattue le 2 mars 2016 à son domicile, dans la ville de La Esperanza (province d’Intibucá). Après sa mort, le 5 mars 2016, la Commission interaméricaine des droits de l’homme avait demandé la mise en place de mesures conservatoires (Mesure conservatoire 112/16) en faveur des membres du COPINH, des proches de Berta Cáceres et du défenseur des droits humains mexicain Gustavo Castro, en raison des risques qu’entrainaient leur travail de défense des droits humains, de l’environnement et des ressources naturelles et des risques accrus auxquels ils étaient exposés après la mort de Berta Cáceres.
En se fondant sur ces mesures, le Système national de protection des défenseur·e·s des droits humains doit mettre en place des mesures afin d’assurer la sécurité des membres du COPINH et de veiller à ce qu’ils puissent mener leurs activités de défense des droits humains sans craindre de représailles.
Malgré tout, le COPINH a continué de signaler des attaques. Récemment, l’organisation a publiquement dénoncé des attaques contre ses membres et des restrictions les empêchant de reprendre leur travail dans le contexte du COVID-19, notamment l’arrestation par l’armée de José Trochez, membre de la coordination générale du COPINH, alors qu’il menait son travail humanitaire, le 12 mai 2020. Le 15 juin, des membres du COPINH ont reçu des informations les prévenant d’une attaque imminente contre les membres et les locaux de l’organisation. Le COPINH a alors demandé de nouvelles mesures de protection au mécanisme de protection.
Le COPINH a également signalé que le 21 juin, un groupe d’environ 60 personnes s’était présenté à son centre Utopia pour menacer d’en prendre le contrôle. Le mécanisme de protection a envoyé deux voitures de police en réaction. En raison de leur crainte d’être victimes de nouvelles attaques, les membres du COPINH ont demandé une protection continue qui, d’après l’organisation, n’a pas été fournie jusque-là.
Sur les territoires du peuple lenca, la population de Río Blanco continue de voir ses cultures détruites et de subir des actes de harcèlement et des menaces. Le COPINH a signalé ce type d’attaques à Amnesty International en 2019. En juillet 2019, les cultures vivrières d’au moins 25 familles de la communauté de Río Blanco, dans le département d’Intibucá, ont été intentionnellement détruites. En avril et mai 2019, Rosalina Domínguez, coordinatrice des finances du Conseil indigène de Río Blanco, ses quatre fils et deux autres membres de sa communauté ont été menacés de mort verbalement par un groupe de sept personnes au moins, dont une armée, en allant au travail.
Amnesty International a également reçu des informations quant aux risques auxquels sont plus généralement soumis les défenseur·e·s des droits humains au Honduras dans le contexte du COVID-19. Depuis que le pays a commencé à prendre des mesures pour lutter contre la propagation du COVID-19, Amnesty International a été informée de situations mettant le travail des défenseur·e·s des droits humains en danger dans le pays, notamment le retrait des mécanismes de protection à la suite des décrets PCM-021, PCM-02, PCM-026 et PCM-02. Le 7 avril, Amnesty International a publié un document sur l’importance des défenseur·e·s des droits humains pendant la pandémie de COVID-19, expliquant que ces personnes jouent un rôle essentiel pour la garantie des droits humains pendant cette période difficile et que, par conséquent, elles doivent pouvoir poursuivre leurs activités dans la situation actuelle, avec les ajustements appropriés.
Ces trois dernières années, Amnesty International a mis en lumière à plusieurs reprises les menaces, les tentatives d’intimidation, les actes de harcèlement et les homicides visant des militantes et des militants au Honduras, qui reste l’un des pays les plus dangereux au monde pour les personnes qui défendent les droits humains.