Ramón Esono Ebalé, un auteur de bandes dessinées et défenseur des droits humains qui a passé environ cinq mois en prison après avoir été accusé à tort de fabrication de fausse monnaie, ne peut toujours pas quitter la Guinée équatoriale, car les autorités ne lui délivrent pas de passeport.
Ramón Esono Ebalé a été libéré de la prison de Black Beach, à Malabo, le 7 mars 2018, après avoir passé plus de cinq mois en détention provisoire. Les charges de « fabrication de fausse monnaie » ont été abandonnées lorsque le principal témoin à charge est revenu sur ses déclarations et a reconnu qu’on lui avait demandé de l’accuser de contrefaçon. Ramón Esono Ebalé a été arrêté et placé en détention le 16 septembre 2017 à Malabo, la capitale, et interrogé sur ses dessins critiques à l’égard du président équato-guinéen, Teodoro Obiang, et de son gouvernement.
Depuis sa libération, Ramón Esono Ebalé tente de rejoindre, au Salvador, sa femme et sa fille âgée de 6 ans, qu’il n’a pas vues depuis plus de sept mois. Cependant, plus de deux mois après sa libération, Ramón Esono Ebalé reste bloqué en Guinée équatoriale, les autorités de ce pays mettant un temps anormalement long à lui délivrer un passeport qui lui permettrait de voyager et de retrouver sa famille.
Ramón Esono Ebalé a soumis les documents requis pour obtenir un nouveau passeport à son retour en Guinée équatoriale, le 29 août 2017, après avoir vécu plusieurs années à l’étranger. La procédure de renouvellement des passeports ne dure généralement que quelques semaines, et l’on craint que le temps excessif que mettent les autorités à fournir ce document de voyage à Ramón Esono Ebalé ne soit que la poursuite du harcèlement qu’il subit depuis son retour en Guinée équatoriale.
L’article 12 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), auquel la Guinée équatoriale est partie, consacre le droit de toute personne de quitter n’importe quel pays, y compris le sien. Le Comité des droits de l’homme a expliqué que le refus d’un État de délivrer un passeport ou des délais déraisonnables dans la délivrance de documents de voyage pouvaient priver des personnes de leur droit de quitter leur propre pays.
Ramón Esono Ebalé a dit à Amnesty International que le fait qu’il ne puisse pas quitter le pays pour rejoindre sa famille était une nouvelle manifestation du harcèlement dont il fait l’objet. « J’ai une impression bizarre. C’est ma ville, c’est mon pays, mais ce n’est pas comme ça que j’ai envie d’être ici. La situation que je vis actuellement, pour moi, est une séquestration. Une séquestration commise par l’État de Guinée équatoriale contre ma personne. De mon point de vue, c’est littéralement une séquestration. »