Server Mustafaïev est un défenseur des droits humains tatar de Crimée et le coordonnateur du mouvement citoyen Solidarité criméenne. Ce mouvement a été créé à la suite de l’annexion illégale de la Crimée par la Russie en 2014, afin d’aider les victimes de la persécution politique et religieuse. En l’absence de liberté des médias et compte tenu de la persécution exercée contre toutes les voix dissidentes, ce mouvement s’efforce également d’attirer l’attention sur les violations des droits humains commises de façon persistante en Crimée.
Le 21 mai 2018, des agents du Service fédéral de sécurité (FSB) ont fouillé le domicile de Server Mustafaïev à Bakhtchyssaraï, une ville située dans le sud de la Crimée. Il a été arrêté et inculpé d’« appartenance à une organisation terroriste » (2e partie de l’article 205-5 du Code pénal russe) en raison de prétendus liens avec Hizb ut-Tahrir, une organisation islamique internationale interdite en Russie, car considérée comme une organisation terroriste, mais autorisée par la loi en Ukraine.
Les membres de cette organisation n’ont pas commis d’actes de violence ni prôné la violence en Crimée, ni avant ni après l’annexion de la péninsule en 2014. L’appartenance prétendue à Hizb ut-Tahrir est utilisée comme prétexte par les autorités russes pour poursuivre en justice des dissidents, comme le défenseur des droits humains Emir Ousseïn Koukou.
Le 22 février 2019, Server Mustafaïev a en outre été inculpé de « conspiration en vue de prendre le pouvoir par la violence » (article 278 du Code pénal russe). Sept autres hommes ont été inculpés d’infractions liées au terrorisme dans le cadre de cette affaire, sur la base d’enregistrements sonores de leur présence lors d’un sermon en décembre 2016 à la mosquée de Bakhtchyssaraï et d’autres réunions : Marlen Asanov, Timour Ibragimov, Server Zekerïaïev, Seïran Saliïev, Ernest Ametov, Memet Belïalov et Edem Smaïlov.
Pendant son incarcération dans le centre de détention SIZO-1 à Krasnodar, en Russie, Server Mustafaïev a été soumis à des conditions de détention révoltantes constituant un traitement inhumain et dégradant. Le 3 novembre, il a été transféré au centre de détention SIZO-1 de Rostov-sur-le-Don, dans le sud-ouest de la Russie, et son procès a commencé peu après. Le 3 mars 2020, Server Mustafaïev s’est senti mal au cours d’une audience, mais le juge a refusé ses demandes répétées de prise en charge médicale. Les autorités ont par la suite continué de l’emmener aux audiences et de le priver d’accès à des soins médicaux alors qu’il souffrait d’une forte fièvre et présentait les symptômes d’une infection respiratoire virale.
Le 16 septembre, le tribunal militaire de district du Sud à Rostov-sur-le-Don a condamné Server Mustafaïev à 14 ans d’emprisonnement dans une colonie pénitentiaire à régime strict alors qu’il n’existait aucune preuve de son implication dans une quelconque infraction reconnue par le droit international. Server Mustafaïev est un prisonnier d’opinion : il est persécuté alors qu’il n’a fait qu’exercer ses droits fondamentaux et défendre les droits de tierces personnes ; il doit donc être libéré immédiatement et sans condition.