Nomsa Sizani est l’ancienne secrétaire générale d’Abahlali baseMjondolo (AbM). Elle a 52 ans et quatre enfants encore en vie. Son fils, Samuel Hloele, aurait été tué par balles par l’Unité de lutte contre l’invasion des terres d’Ethekwini, d’après les informations fournies par AbM. Il fait partie des 25 membres du mouvement tués depuis 2009, selon le décompte d’AbM.
Les membres et militant·e·s d’AbM sont déterminés à améliorer les conditions de vie des communautés pauvres qui continuent d’être privées de leurs droits humains, tels que le droit à un logement convenable, à l’eau et à des installations sanitaires. Ils ont dénoncé des cas de corruption au sein du gouvernement local et ont travaillé dur pour améliorer les conditions de vie dans leur communauté, en installant une école, une ferme, une cuisine partagée et une boutique sur place. Leurs actions se sont heurtées non seulement à de la résistance, mais aussi à du harcèlement, des actes d’intimidation et des menaces. Les membres du mouvement ont été victimes d’homicides, de violence, de harcèlement et de dégradations de leur domicile.
Les menaces et les attaques dont Nomsa Sizani et les membres d’AbM font l’objet s’inscrivent dans un contexte plus large de violences et d’homicides visant les défenseur·e·s des droits humains en Afrique du Sud. Les hauts niveaux de pauvreté et d’inégalités en Afrique du Sud, aggravés par le chômage généralisé et le manque d’accès à des services adaptés, ont créé les conditions propices à des problèmes sociaux, politiques et économiques. Ce sont les défenseur·e·s des droits humains qui risquent leur vie pour protéger la population d’Afrique du Sud, lorsqu’ils luttent contre la corruption, plaident en faveur des droits fondamentaux ou se battent pour améliorer les conditions de vie des autres. Pourtant, l’État leur réserve un traitement dédaigneux, voire pire, et ne fait presque rien, voire rien du tout, pour protéger et promouvoir leurs droits humains ou amener les responsables d’atteintes à ces droits devant la justice.
La province du Kwazulu-Natal, où Nomsa Sizani mène des actions, est un foyer d’assassinats politiques. Entre 2000 et 2021, 418 attaques à caractère politique ont été recensées dans tout le pays, dont 118 au Kwazulu-Natal . L’un des facteurs qui contribuent à la violence politique dans cette province est la concurrence pour les postes de conseillers municipaux. Les conseillers municipaux disposent d’un pouvoir politique qui leur permet d’acquérir des ressources (par le biais d’appels d’offres, par exemple), ce qui peut entraîner des cas de corruption. Les défenseur·e·s des droits humains comme Nomsa Sizani, qui dénoncent les actes répréhensibles commis par des représentant·e·s des autorités, s’exposent souvent à de graves risques de représailles de la part des personnes qu’elles tentent d’amener à rendre des comptes.
Le harcèlement, les actes d’intimidation, les menaces et les homicides illégaux commis contre des défenseur·e·s des droits humains constituent une attaque directe contre la société civile. Ces violations font partie d’une tentative systémique visant à intimider et à réduire au silence les militant·e·s en Afrique du Sud, à affaiblir les mouvements tels qu’AbM et à dissuader les autres de défendre les droits humains.
En 2023, dans le cadre de sa campagne annuelle Écrire pour les droits, Amnesty International s’est mobilisée pour la protection d’un autre dirigeant d’AbM, Thapelo Mohapi, qui a également été contraint de se cacher après avoir reçu des menaces de mort.