Écrire Demandez la libération d’un enseignant d’université

Le 17 août, Firew Bekele, enseignant d’université, a été arrêté et inculpé en vertu de la Loi éthiopienne relative à la lutte contre le terrorisme, dont les dispositions sont draconiennes. Depuis une dizaine d’années, ce texte sert constamment à réprimer toute forme de dissidence. Firew Bekele est accusé d’avoir écrit un ouvrage critiquant le nouveau Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, ce qu’il nie. Il s’agit d’un prisonnier d’opinion, qui doit par conséquent être libéré immédiatement et sans condition.

En 2016, le Premier ministre Abiy Ahmed a annoncé des réformes destinées à résoudre les problèmes structurels et systématiques liés aux droits humains et a fait libérer des milliers de prisonniers qui purgeaient des peines pour des charges sous-tendues par des considérations politiques. En réaction à la répression systémique des droits humains et à leur marginalisation politique et économique, des jeunes Amharas et Oromos sont descendus dans la rue en grande nombre et de façon régulière jusqu’en 2018 en Éthiopie. Beaucoup d’entre eux ont été inculpés en vertu de la Loi relative à la lutte contre le terrorisme.

Le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed a lancé un important programme de réforme qui pourra permettre d’améliorer la situation des droits humains en Éthiopie s’il est mis en œuvre efficacement. Cependant, le climat politique actuel dans le pays est tendu, étant donné que les priorités et les loyautés varient entre les différentes factions qui constituent la coalition gouvernementale. Le Parti démocratique oromo, auquel appartient le Premier ministre, et de nombreux Éthiopiens voient la nomination d’Abiy Ahmed à ce poste comme un pas important pour les Oromos car il est le premier dirigeant issu de ce groupe ethnique dans l’histoire moderne de l’Éthiopie. Malgré les mesures importantes qui ont été prises afin de réformer la législation draconienne utilisée depuis des décennies pour réprimer la critique et la dissidence, la Loi relative à la lutte contre le terrorisme n’a pas encore été réformée et la version antérieure continue d’être utilisée pour inculper des personnes dans des contextes extrêmement divers, nombre d’entre elles étant de fervents dissidents du gouvernement fédéral en place.

Yetetlefe Tigil (« la lutte détournée ») traite de la fracture qui se creuse entre le Premier ministre Abiy Ahmed et le reste de sa formation politique, le Parti démocratique oromo, et accuse cet homme non seulement de détourner la lutte des Oromos mais aussi de négliger les revendications des manifestants oromos. Amnesty International n’a trouvé dans cet ouvrage aucune référence ni incitation à la violence, sous quelque forme que ce soit.

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