Alexandra Skotchilenko est une auteure-compositrice et artiste de Saint-Pétersbourg. Il lui est reproché d’avoir remplacé des étiquettes de prix dans des supermarchés locaux par des messages pacifistes, évoquant notamment les victimes du bombardement du théâtre de Marioupol.
Le 11 avril, la police a perquisitionné le domicile d’Alexandra Skotchilenko, puis l’a arrêtée et interrogée jusqu’à 3 heures le lendemain matin. Le 13 avril, le tribunal du district de Vassileostrov a ordonné son placement en détention provisoire jusqu’au 1er juin, pour une durée susceptible d’être prolongée.
Alexandra Skotchilenko est inculpée de « diffusion publique en connaissance de cause de fausses informations sur l’emploi des forces armées de la Fédération de Russie et l’exercice par les organes de l’État de la Fédération de Russie de leurs pouvoirs », en vertu de l’article 207.3(2) du Code pénal, récemment adopté. Elle encourt entre cinq et 10 ans d’emprisonnement si elle est déclarée coupable.
Alexandra Skotchilenko est connue au sein de la communauté artistique : elle écrit des chansons, crée des bandes dessinées et des dessins animés et organise des concerts et des sessions de musique improvisées. Elle est également l’auteure du célèbre Livre sur la dépression, qui a aidé de nombreuses personnes et a contribué à déstigmatiser les maladies mentales. Cet ouvrage a remporté un immense succès. Réédité à plusieurs reprises et traduit en plusieurs langues, il a également inspiré de nombreuses vidéos et expositions.
Alexandra Skotchilenko souffre de maladie coeliaque et il lui faut un régime alimentaire spécial sans gluten. Le 20 avril, il a été signalé que sa santé s’était détériorée, faute d’accès à une alimentation adaptée. Le 21 avril, son avocate a informé Amnesty International que le centre de détention l’avait enfin autorisée à recevoir de sa famille un colis contenant des aliments plus adaptés à son régime.
Le 23 avril, Alexandra Skotchilenko a été transférée d’un centre de détention temporaire vers un centre de détention provisoire.
Le 25 avril, un des avocats d’Alexandra Skotchilenko lui a rendu visite au centre de détention provisoire et a signalé que son état de santé se dégradait car elle ne pouvait pas manger, puisqu’on ne lui fournissait pas d’aliments adaptés à son régime et qu’elle n’était pas autorisée à recevoir de nourriture de sa famille. Elle se sent faible la plupart du temps. Elle est également soumise à des pressions psychologiques par des surveillants du centre de détention et par ses compagnes de cellule, et doit supporter les conditions d’hygiène déplorables et le froid dans sa cellule.
Le 7 mai, après communication aux médias des informations évoquées ci-dessus, les conditions de détention d’Alexandra Skotchilenko se sont améliorées. Elle reçoit de la nourriture sans gluten au moins une fois par jour. Cependant, elle ne peut manger ni le petit-déjeuner, ni le dîner. Le jour de sa dernière audience, elle n’a pas pu s’alimenter de la journée. Elle a perdu beaucoup de poids en détention, ce qui est un facteur de risque pour les personnes atteintes de sa maladie.
En outre, pendant l’enquête, la personne qui vit en couple avec Alexandra Skotchilenko a été désignée comme témoin à son procès, ce qui exclut toute rencontre entre Alexandra et cette personne. Cette dernière a déposé plusieurs requêtes, mais elles ont toutes été rejetées.