La détention provisoire d’Oyoub Titiev, prisonnier d’opinion et responsable du bureau de Grozny de l’ONG de défense des droits humains Memorial, a de nouveau été prolongée d’un mois, jusqu’au 9 juin. La Cour suprême de la République tchétchène a rejeté un appel contre la prolongation de sa détention provisoire.
Le 25 avril 2018, le tribunal du district de Staropromyslovsk de la ville de Grozny, la capitale tchétchène, a prolongé d’un mois supplémentaire la détention d’Oyoub Titiev, jusqu’au 9 juin. Les avocats d’Oyoub Titiev n’ont pas été dûment informés en avance que l’audience allait avoir lieu et un seul de ses avocats, qui était en Tchétchénie à ce moment-là, a pu y assister. L’enquêteur a affirmé qu’il existait un risque que le défenseur des droits humains prenne la fuite et qu’il devait donc être maintenu en détention provisoire, car « il n’y a pas de logement à l’adresse d’Oyoub Titiev et sa famille ne vit plus en Tchétchénie ». De fait, ce sont les autorités tchétchènes qui ont détruit le logement d’Oyoub Titiev en février, en même temps que 35 autres logements du quartier, afin de faire de la place pour un nouveau projet. Sa famille a quitté la Tchétchénie en janvier, après avoir reçu des menaces.
Le 3 mai, la Cour suprême de la République tchétchène a tenu une audience pour examiner l’appel contre la prolongation de la détention provisoire d’Oyoub Titiev. Le premier jour d’audience, Oyoub Titiev n’a pas été conduit au tribunal et a participé à l’audience par vidéoconférence, depuis le centre de détention provisoire. À la suite des demandes de ses avocats, le juge a ajourné l’audience au 4 mai. Le lendemain, Oyoub Titiev a été conduit au tribunal et ses avocats ont présenté des garanties fournies personnellement par des personnalités publiques de premier plan assurant que s’il était libéré sous caution, Oyoub Titiev ne s’enfuirait pas. La Cour suprême a cependant rejeté l’appel et a ordonné le maintien en détention provisoire du défenseur des droits humains. Le même jour, l’enquêteur a informé Oyoub Titiev des charges définitives retenues contre lui au titre de l’article 228.2 du Code pénal russe, pour détention d’une grande quantité de stupéfiants. L’enquête est maintenant terminée et les collègues d’Oyoub Titiev travaillant pour Memorial pensent que son procès pourrait s’ouvrir très bientôt pour que l’affaire soit close avant que la Coupe du monde de football ne commence en Russie le 14 juin. Des représentants d’Amnesty International ont assisté à l’audience à Grozny le 3 mai. Des amis, collègues et proches d’Oyoub Titiev, au total environ 40 personnes, dont 15 étaient venues de Moscou et d’autres villes, ont profité de l’occasion pour faire part de leur solidarité au défenseur des droits humains.