Emirlendris Benítez est une mère, une sœur et une commerçante vénézuélienne. Le 5 août 2018, elle a été arrêtée de manière arbitraire pour des motifs forgés de toutes pièces. Les autorités l’ont associée à tort à des actes de violence commis contre de hauts responsables politiques au Venezuela. Cette accusation ne repose sur aucune preuve, et elle affirme catégoriquement qu’elle n’a rien à voir avec ces événements. En détention, elle a été soumise à des actes de torture alors qu’elle était enceinte.
Quelques semaines après son arrestation, elle a été transférée de force dans un établissement médical et sa grossesse a été interrompue à son insu et sans son consentement. Du fait des actes de torture auxquels elle a été soumise, elle aura longtemps besoin d’un fauteuil roulant pour se déplacer. En 2022, elle a été condamnée à 30 ans de prison par un tribunal dont les décisions sont partiales et motivées par des considérations politiques. Emirlendris Benítez n’aurait jamais dû être placée en détention, car tout indique que les charges retenues à son encontre sont à caractère politique. La peine très lourde prononcée contre elle doit par ailleurs être annulée et elle doit être immédiatement libérée.
Juan Carlos Marrufo et María Auxiliadora Delgado ont été arrêtés une première fois le 19 mars 2019 par la Direction générale du contre-renseignement militaire (Dirección General de Contrainteligencia Militar, ou DGCIM). C’est un couple marié : il a la nationalité espagnole, et elle italienne. Ils avaient décidé de recourir à un traitement de fécondation in vitro (FIV). Leur seul lien avec des infractions pénales semble se résumer au fait que María Auxiliadora est la sœur d’un militaire à la retraire, qui serait lié à une attaque contre Nicolás Maduro. Ils sont non seulement victimes de détention arbitraire, mais sont également privés de leur projet de fonder une famille.
Guillermo Zárraga est un ingénieur vénézuélien qui travaillait comme opérateur-technicien pour Petróleos de Venezuela S.A., la société pétrolière publique du Venezuela, à la raffinerie de Cardón, sur l’installation de craquage catalytique de Coro (État de Falcón). Il était également responsable au sein du Syndicat unique des travailleurs, dans cette même entreprise. Il a été arrêté à son domicile le 14 décembre 2020 par des membres de la Direction générale du contre-renseignement militaire. Pendant sa détention, il a été soumis à des conditions inhumaines. Les autorités carcérales ne lui ont pas fourni de nourriture et d’eau potable en quantité suffisante, entraînant une grave détérioration de son état de santé pendant sa détention. Le 20 décembre 2023, Guillermo Zárraga a été libéré sous condition, tout comme d’autres victimes de détention arbitraire à caractère politique, dont Gabriel Blanco et John Álvarez.
Le gouvernement de Nicolás Maduro ne cesse de harceler, de poursuivre et de censurer les militant·e·s et les organisations de la société civile œuvrant pour protéger les droits des Vénézuélien·ne·s dans le contexte d’une crise humanitaire complexe et d’une profonde crise des droits humains qui pousse un nombre record d’entre eux à fuir le pays en quête de sécurité et de protection. En novembre 2023, plus de 7,72 millions de personnes avaient fui le pays, soit 25 % de la population totale du Venezuela.
Depuis 2020, quatre rapports de la Mission internationale indépendante d’établissement des faits sur la République bolivarienne du Venezuela ont fourni des informations détaillées sur des centaines de cas d’exécutions extrajudiciaires, de disparitions forcées, de détentions arbitraires, d’actes de torture et d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants commis dans le pays depuis 2014, ainsi que d’exemples d’instrumentalisation de la justice par le gouvernement dans le cadre de sa politique répressive, en concluant que ces graves violations des droits humains pourraient constituer des crimes contre l’humanité.