Le 22 décembre 2023, la médiatrice du Royaume du Lesotho a ouvert une enquête sur les allégations faisant état d’actes de torture et d’un recours excessif à la force contre des détenus de l’Institution pénitentiaire centrale de Maseru (MCCI). Le 19 mars 2024, elle a publié ses conclusions. Selon son rapport, des détenus ont été roués de coups avec diverses armes par des agents pénitentiaires qui leur ont ensuite refusé des soins médicaux pour les blessures subies. Les éléments disponibles laissent penser que les agents se sont entendus pour inventer des scénarios afin de justifier leurs agissements, tandis que de hauts responsables ont fermé les yeux, ce qui révèle une culture d’impunité profondément ancrée au sein de l’administration pénitentiaire.
L’enquête a en outre identifié des défaillances systémiques ayant contribué à ce qui s’est passé. Il s’agissait notamment de contrôles insuffisants du traitement réservé aux détenus, de l’application de règles obsolètes, des mauvaises conditions de travail des agents pénitentiaires, des retards de prise en charge médicale et d’un manque de moyens. Ces facteurs ont abouti collectivement à une violation flagrante des droits humains des détenus et mettent en lumière le besoin urgent de réformer en profondeur le système pénitentiaire.
Afin de s’attaquer efficacement à ces problèmes, la médiatrice a formulé un certain nombre de recommandations. En premier lieu, elle préconise que le Commissaire national des services pénitentiaires mène une enquête approfondie sur les agissements des 114 recrues impliquées dans les actes de torture et autres mauvais traitements qui auraient été infligés à des détenus sans justification apparente.
Ces agents, dont la responsabilité est collective, doivent faire l’objet de mesures disciplinaires conformément à la réglementation interne. Par ailleurs, le Service de police montée du Lesotho (LMPS) doit ouvrir une enquête et le ministère public doit engager des poursuites contre les recrues du centre de formation des Services pénitentiaires du Lesotho qui ont infligé de graves blessures à des détenus.
La médiatrice demande également que le ministère du Droit et de la Justice intervienne immédiatement pour rendre effectifs les règlements et autres règles qui permettront d’appliquer la Loi n° 3 sur les Services pénitentiaires du Lesotho, adoptée en 2016. Cette étape est nécessaire pour obtenir la mise en œuvre pleine et entière de cette loi et établir un cadre structuré qui garantisse la transparence, l’équité et la cohérence dans son application.
Enfin, le ministère du Droit et de la Justice doit faire une priorité de l’amélioration des conditions de travail et de l’environnement général pour les agents pénitentiaires et le personnel travaillant en lien avec eux. Il doit notamment s’atteler de toute urgence à harmoniser la rémunération des agents pénitentiaires avec celle des fonctionnaires des autres organes de sécurité. Une telle mesure entraînera probablement des changements positifs et durables, qui favoriseront un environnement de travail propice et un meilleur fonctionnement du système pénitentiaire.