Écrire Deux arabes ahwazis risquent d’être exécutés

Abdullah Karmollah Chab et Ghassem Abdullah, membres de la minorité arabe ahwazie d’Iran, ont été condamnés à mort à l’issue d’un procès manifestement inique. Leur condamnation se fonde sur des « aveux » qui, selon eux, leur ont été extorqués sous la torture et d’autres mauvais traitements, notamment des décharges électriques et des simulacres d’exécution. Leurs dossiers sont actuellement examinés par la Cour suprême.

Abdullah Karmollah Chab et Ghassem Abdullah comptent parmi les 15 Arabes ahwazis arrêtés à la suite de l’attaque armée lors d’une cérémonie religieuse à Safiabad, le 16 octobre 2015. Dans les semaines qui ont suivi l’attaque et avant l’ouverture de leur procès, les autorités ont fait une série d’annonces qui ont porté atteinte à leur présomption d’innocence. Le 1er novembre 2015, le procureur de Dezful, dans la province du Khuzestan, a annoncé : « Après avoir arrêté tous les auteurs de cette attaque et avoir [obtenu] leurs aveux, il est clair que c’était un acte terroriste. » Il poursuivait en accusant les détenus d’appartenir à un groupe se désignant sous le nom de Jandolfareq, qui comptait 15 membres et avait pour objectif de commettre des opérations de sabotage et d’autres actions dans la province. Il a expliqué : « Heureusement, ils ont été identifiés et arrêtés après leur première opération et leurs armes ainsi que d’autres équipements ont été découverts et saisis. D’après la loi, leur crime est certainement celui de moharebeh et ils sont inculpés de cette infraction. » Le 17 novembre 2015, l’Agence de presse de la République islamique d’Iran (IRNA) a relaté que le responsable de l’appareil judiciaire à Dezful avait déclaré à ses journalistes : « Je m’attends à ce que ces " terroristes " soient reconnus coupables de moharebeh et condamnés à une sanction qui les fera payer pour leurs actes déplorables et servira de leçon à d’autres. »
Au tribunal, Abdullah Karmollah Chab et Ghassem Abdullah ont été jugés en compagnie de six autres Arabes ahwazis. Le ministère public les a accusés d’être impliqués dans un groupe armé appelé Jandolfareq qui se réclame semble-t-il de l’idéologie « salafiste takfiri », mais n’a fourni aucune preuve établissant un lien entre les accusés et ce groupe. Amnesty International a reçu des informations d’une source fiable qui pointent également du doigt les lacunes de l’enquête, notamment des incohérences entre les « aveux » que ces hommes affirment avoir fait sous la torture et les preuves présentées au tribunal. Les deux hommes auraient « avoué » s’être servis durant l’attaque d’une Peugeot Persia blanche, alors que des témoins ont déclaré que les assaillants se trouvaient à bord d’une Peugeot 405 gris argenté, un modèle plus ancien. En outre, Ghassem Abdullah, qui est fermier, a déclaré aux agents chargés de l’interroger qu’il possède un fusil et leur a indiqué où le trouver. D’après les déclarations du spécialiste des armes assigné à cette affaire et un rapport des organismes de sécurité, trois cartouches retrouvées sur les lieux du crime ne correspondent pas aux balles trouvées dans la cartouche du fusil récupérée au domicile de Ghassem Abdullah. Malgré ces incohérences, et d’autres, le juge présidant le tribunal lors de leur procès a refusé d’ordonner une enquête sur leurs allégations de torture et a retenu leurs « aveux » à titre de preuves pour les condamner à mort. Les six autres accusés ont également été déclarés coupables d’« inimitié à l’égard de Dieu », mais ont échappé à la peine de mort et ont été condamnés à des peines variant de trois à 25 ans de prison.
Abdullah Karmollah Chab est âgé de 38 ans et a trois enfants, et Ghassem Abdullah est un fermier âgé de 32 ans, père de deux enfants. Les deux hommes, de la ville de Suse, dans la province du Khuzestan, sont des anciens musulmans chiites convertis à l’islam sunnite.
Aux termes du droit international relatif aux droits humains, les personnes inculpées de crimes passibles de la peine capitale ont droit au respect le plus strict de toutes les garanties d’équité des procès. La privation arbitraire de la vie, ainsi que la torture et les autres mauvais traitements, sont absolument interdits en tous temps et en toutes circonstances.

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