Aly Domínguez et Jairo Bonilla ont été interceptés par des agresseurs armés le 7 janvier 2023, alors qu’ils rentraient chez eux à mobylette après le travail. Selon leurs proches, ils ont été abattus sur place. Aly est le frère de Reynaldo Domínguez. Les deux frères, ainsi que Juan López, Leonel George, Marco Tulio Ramos, Eugenio Esquivel et Adaly Cedillo font partie d’un groupe de 32 personnes poursuivies en justice par la société minière Inversiones Los Pinares et l’État hondurien pour avoir défendu le parc national Carlos Escaleras.
Plusieurs communautés, groupes de petits paysans, paroisses et organisations locales de la municipalité de Tocoa (département de Colón, dans le nord du Honduras), sous l’égide du Comité municipal de défense des biens publics et communs (CMDBCP), s’opposent au permis d’exploitation attribué à la compagnie minière Inversiones Los Pinares dans le parc national Carlos Escalera, anciennement connu sous le nom de Montaña de Botaderos, depuis 2015.
Le 1er août 2018, des résident·e·s locaux ont établi le « camp Guapinol » pour protester de façon pacifique contre ce permis et contre l’exploitation minière en plein cœur d’une zone protégée abritant les sources d’eau dont la population locale dépend pour sa subsistance. Ils ont déposé plusieurs plaintes auprès de juridictions locales, mais elles n’ont toujours pas été traitées. Les membres du CMDBCP ont été visés par au moins deux procédures judiciaires depuis 2018 en raison des activités qu’ils mènent pour protéger les rivières Guapinol et San Pedro contre l’impact du projet minier. Aly et son frère, Reynaldo Dominguez, ainsi que Juan López, Leonel George, Marco Tulio Ramos, Eugenio Esquivel et Adaly Cedillo ont été placés en détention en 2019 avec d’autres défenseur·e·s de la rivière Guapinol dans le cadre de ces procédures.
Ces mêmes poursuites ont mené à l’incarcération injuste de huit défenseurs de la rivière Guapinol pendant plus de deux ans, après qu’ils ont simplement défendu de manière pacifique le droit à une eau propre, situation ayant suscité un tollé international. Après une analyse rigoureuse, Amnesty International a déterminé que le dossier montre que l’enquête présente de nombreuses lacunes, et a déclaré que ces hommes étaient des prisonniers d’opinion. Après que la Cour suprême a rendu un arrêt citant des violations du droit à une procédure régulière, les huit défenseurs de la rivière Guapinol ont été libérés en février 2021.
Dans une décision distincte, en juin 2022, la Cour suprême a annulé des poursuites pénales infondées du même type contre Juan López, Leonel George, Reynaldo Domínguez, Marco Tulio Ramos et Adaly Cedillo. Le CMDBCP a depuis lors dénoncé les attaques visant ses membres, qu’il s’agisse de tentatives de stigmatisation ou de surveillance. Le Comité continue à demander l’arrêt de ce projet minier.
Ces cinq dernières années, Amnesty International a donné l’alerte au sujet des nombreux homicides et autres types d’attaques visant des militant·e·s au Honduras, un des pays les plus meurtriers au monde pour les personnes qui défendent les droits humains. En 2022, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) a recensé 11 homicides de défenseur·e·s des droits humains dans ce pays ; six de ces personnes défendaient les droits liés à la terre et à l’environnement. En 2023, ces chiffres ont fortement augmenté.
Le HCDH a signalé au moins huit cas d’homicides de défenseurs des droits liés à la terre et à l’environnement en moins de deux mois. Malgré la gravité des attaques contre ces défenseur·e·s, le Honduras n’a pas encore signé l’Accord d’Escazú, le premier traité protégeant les droits fondamentaux en relation avec l’environnement en Amérique latine et dans les Caraïbes, en vertu duquel les États signataires sont tenus de protéger les défenseur·e·s de l’environnement, et qui est entré en vigueur le 22 avril 2021.