Le militantisme politique est réprimé depuis des années dans le royaume d’Eswatini, et le roi Mswati III, à la tête du pays, est le dernier représentant d’une monarchie absolue en Afrique. Des journalistes, des défenseur·e·s des droits humains et des militant·e·s politiques ont été incarcérés au titre de lois répressives, notamment de la Loi de 1938 relative à la sédition et aux activités subversives et de la Loi de 2008 relative à la répression du terrorisme, uniquement parce qu’ils avaient dénoncé la répression de la dissidence.
Non seulement certaines dispositions de la Loi de 2008 relative à la répression du terrorisme menacent les droits humains et sont répressives en soi, mais elles bafouent en outre les obligations auxquelles l’Eswatini est tenu, en vertu du droit international et régional relatif aux droits humains et de la Constitution de l’Eswatini. Ceci est en violation directe des droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique. Il doit être possible en Eswatini de mener une action militante, qu’elle soit politique ou non, sans crainte de représailles. Les divergences politiques ne dispensent pas de respecter les droits humains.
Les actions de protestation du mois de juillet 2021 ont été visées par des mesures de répression parmi les plus sanglantes de l’histoire du pays.
Amnesty International a recensé plus de 80 homicides dans le contexte des manifestations. Des informations plus récentes font état de plus de 100 morts. Ce qui a commencé comme un appel en faveur de réformes politiques, par le biais de la remise de pétitions à des député·e·s dans leurs circonscriptions respectives, s’est heurté à un recours excessif à la force par les responsables de l’application des lois, sur les instructions des dirigeants du pays.
Le président du Parlement a dans un premier temps laissé entendre qu’il était « anti-swazi » de remettre ces pétitions. Le Premier ministre par intérim de l’époque a ordonné de mettre fin à toutes les pétitions et a lancé les forces armées sur les citoyens et les citoyennes.