Xu Zhiyong est un éminent juriste et défenseur des droits humains connu pour son travail en faveur des groupes défavorisés et sa promotion du Mouvement des nouveaux citoyens, un réseau informel de militant·e·s qu’il a fondé en 2012 pour réclamer davantage de transparence au sein de l’État et dénoncer la corruption. Il a déjà été incarcéré en raison de ses activités militantes pacifiques et a passé quatre ans en prison, de 2013 à 2017, pour des accusations forgées de toutes pièces de trouble à l’ordre public.
Après plus d’un an de détention au secret, Xu Zhiyong a enfin pu s’entretenir avec son avocat par visioconférence le 21 janvier et le 5 février 2021. Il a révélé lors de ces appels que ses conditions de vie dans le centre de détention du canton de Linshu étaient extrêmement difficiles et qu’on ne lui donnait qu’un petit pain à la vapeur par repas. Il a également décrit le traitement qui lui avait été infligé alors qu’il était en « résidence surveillée dans un lieu désigné », où il était attaché à une chaise en métal, bras et jambes entravés, plus de 10 heures par jour pendant plus d’une semaine. Il était épuisé et avait du mal à respirer quand il était ainsi entravé.
Xu Zhiyong fait partie des dizaines d’avocat·e·s et de militant·e·s qui se sont réunis lors d’une rencontre non officielle à Xiamen, une ville de la côte sud-est de la Chine, en décembre 2019. Beaucoup de personnes présentes à ce rassemblement privé avaient participé activement au Mouvement des nouveaux citoyens, un réseau informel de militant·e·s qui cherchaient à promouvoir la transparence des affaires publiques et à dénoncer la corruption au début des années 2010. Lors de la réunion de Xiamen, elles ont discuté de la situation de la société civile et de l’actualité en Chine. Depuis le 26 décembre 2019, dans diverses régions du pays, la police a convoqué ou placé en détention des personnes ayant participé à cette réunion.
Outre Xu Zhiyong, les avocats et défenseurs des droits humains Ding Jiaxi (丁家喜) et Chang Weiping (常玮平), radiés du barreau en raison de leur militantisme, ont également été inculpés de « subversion de l’État ». Les trois hommes ont déclaré à leurs avocats qu’ils avaient été soumis à des actes de torture et à d’autres formes de mauvais traitements en captivité.
Li Qiaochu, défenseure des droits du travail et militante féministe, qui est la compagne de Xu Zhiyong, a été maintenue en détention secrète de février à juin 2020. Elle a fait campagne sans relâche pour que Xu Zhiyong soit mieux traité et remis en liberté. En conséquence, elle a de nouveau été arrêtée le 6 février 2021 et a été inculpée d’« incitation à la subversion de l’État » le 15 mars 2021. Souffrant d’une dépression, elle a vu son état se dégrader en détention. Elle a notamment commencé à avoir des hallucinations. Elle risque toujours d’être torturée et soumise à d’autres mauvais traitements.
Depuis la vague de répression à l’encontre des avocats et des militant·e·s en 2015, les autorités chinoises ont systématiquement recours à des accusations ayant trait à la sécurité nationale dont les dispositions sont formulées en termes vagues, tels que « subversion de l’État » et « incitation à la subversion de l’État », pour poursuivre des avocat·e·s, des universitaires, des journalistes, des militant·e·s et des employé·e·s d’ONG.