Les raisons pour lesquelles les trois employés de Changsha Funeng sont détenus demeurent floues. Cette ONG s’intéresse principalement aux questions de protection sociale et, selon son cofondateur Yang Zhangqing, n’est pas du toute une organisation politique. Cheng Yuan a raconté à l’un de ses amis que la police avait parlé aux partenaires de travail de Changsha Funeng, affirmant qu’il était sur le point d’être arrêté. Il a également dit à un autre ami que la police l’avait mis en garde, via un intermédiaire, sur le fait qu’il ne devait plus se rendre à Changsha, dans la province du Hunan, en Chine. Une semaine avant leur arrestation, Cheng Yuan s’est rendu à Hong Kong, sur fond de manifestations contre le projet de loi sur l’extradition, afin de régler des affaires personnelles et relatives à son organisation.
Liu Yongze et Wu Gejianxiong sont tous deux des employés de Changsha Funeng. Ils étaient censés rencontrer un avocat au sujet d’une affaire de poursuites judiciaires dans l’après-midi du 22 juillet. L’avocat n’a pas pu contacter les deux hommes, qui ne se sont pas présentés à ce rendez-vous. À peu près au même moment, le directeur de Changsha Funeng, Cheng Yuan, n’était pas non plus joignable. Depuis, leurs amis, leurs proches et leurs collègues n’ont pas pu entrer en contact avec eux. Il a par la suite été confirmé que Cheng Yuan, Liu Yongze et Wu Gejianxiong ont été arrêtés à leur domicile à Changsha le 22 juillet.
Cheng Yuan, Liu Yongze et Wu Gejianxiong font un travail remarquable en vue de mettre fin aux discriminations visant les personnes infectées par le VIH et de faire progresser le droit à la santé et les droits des personnes souffrant d’un handicap en Chine. Changsha Funeng a été fondée en 2016 pour garantir les droits des groupes marginalisés, comme les personnes souffrant de handicaps, et promouvoir la transparence au sein du gouvernement, notamment la mise en œuvre de la réglementation relative à la divulgation des informations gouvernementales.
Responsable de l’organisation, Cheng Yuan est un militant expérimenté dans le domaine de l’intérêt public et du droit en Chine. Depuis 10 ans, il a représenté des clients dans une dizaine d’affaires de discrimination à l’égard de personnes vivant avec l’hépatite B et le sida et a contribué à faire baisser la discrimination institutionnelle à l’égard des porteurs de l’hépatite B en Chine. En 2013, il a mené une procédure historique et, pour la première fois, une personne séropositive au VIH a été indemnisée pour discrimination à l’embauche. Par ailleurs, Cheng Yuan œuvre à abolir la politique de l’enfant unique et à réformer le système d’enregistrement des ménages, par le biais de poursuites judiciaires et d’un travail de campagne.