Écrire Un épicier emprisonné pour avoir pris la parole

Omar Ben Boudouh, qui est également connu sous le nom de Moul El Hanout (« L’épicier »), est hospitalisé depuis le 14 février 2020 en raison d’une grève de la faim qu’il menait alors depuis 45 jours. Le 5 décembre 2019, la police a arrêté Omar Ben Boudouh et l’a accusé d’« outrage » à des fonctionnaires et aux institutions, et d’« incitation à la haine ». Omar Ben Boudouh avait publié une vidéo en direct sur sa page Facebook dans laquelle il exprimait pacifiquement des opinions critiques à l’égard du roi du Maroc, disant que ce dernier permettait à l’impunité de prévaloir. Le 7 janvier 2020, un tribunal a condamné Omar Ben Boudouh à trois ans d’emprisonnement. Ses avocats ont formé un recours contre ce verdict le 12 février 2020, et une décision finale est attendue pour le 26 février 2020.

Au cours des trois derniers mois, les autorités marocaines ont arrêté au moins dix personnes, parmi lesquelles se trouvaient des journalistes, des rappeurs et des influenceurs sur les réseaux sociaux, qui ont parlé de la corruption et de problèmes sociaux et économiques au Maroc.

Dans les dix affaires examinées par Amnesty International depuis le début de la répression, les principales dispositions du Code pénal utilisées pour réprimer l’expression d’opinions en ligne ont été les articles 179, 263, 265 et 267, qui visent l’« offense » et l’« insulte » à la monarchie, à l’islam et à l’intégrité territoriale, considérées comme étant les lignes rouges infranchissables en matière de liberté d’expression au Maroc, que ce soit en ligne ou hors ligne. Les procureurs ont utilisé le Code pénal et la législation antiterroriste pour restreindre indûment le droit à la liberté d’expression dans le pays. Par exemple, le 25 novembre 2019, un tribunal a condamné le rappeur Gnawi à une année d’emprisonnement pour « outrage à des représentants de l’État » à la suite de la publication de la vidéo de sa chanson Aach Achaab, dans laquelle il critique les autorités au sujet du manque de perspectives et de la situation économique et sociale difficile dans le pays.

Le Maroc a adopté en 2016 un Code de la presse dépénalisant l’expression d’opinions, mais les autorités continuent de poursuivre des personnes en justice sur la base de dispositions du Code pénal. En mai 2017, dans sa communication pour l’examen périodique universel des Nations unies, Amnesty International avait appelé les autorités marocaines à abroger les dispositions du Code pénal restreignant indûment le droit à la liberté d’expression. En octobre 2019, le Conseil national des droits de l’homme (CNDH) a soumis au Parlement un mémorandum recommandant des modifications du Code pénal.

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