Patrick Hannon doit être exécuté en Floride le 8 novembre à 18 heures. Il a été condamné en juillet 1991 pour deux meurtres commis six mois plus tôt. Âgé de 26 ans au moment des faits, il en a aujourd’hui 53 et a passé la moitié de sa vie dans le couloir de la mort.
D’après les éléments du dossier, le 10 janvier 1991, Patrick Hannon, Ron Richardson et Jim Acker se sont rendus à l’appartement où Brandon Snider et Robert Carter habitaient à Tampa. Brandon Snider a été attaqué quand il a ouvert la porte ; il a été poignardé et égorgé. Robert Carter a été abattu à l’étage. Patrick Hannon a été jugé en juillet 1991. Au bout de plusieurs jours, Ron Richardson, inculpé de meurtre avec circonstances aggravantes mais qui devait comparaître en tant que témoin pour confirmer l’alibi de Patrick Hannon, a modifié sa version des faits et conclu un accord avec le ministère public, aux termes duquel il plaiderait coupable de complicité après le crime et témoignerait pour l’accusation.
Patrick Hannon a été reconnu coupable de deux meurtres avec circonstances aggravantes et le jury a voté en faveur d’une condamnation à mort. Les avocats qui le défendent en appel continuent de contester cette sentence en affirmant qu’elle est « disproportionnée et discordante par rapport à celles de ses coaccusés ». Ron Richardson a été condamné à cinq ans de prison et n’a purgé que 14 mois au bout du compte. En 1992, Jim Acker, contre qui le ministère public avait à l’origine requis la peine de mort, a été reconnu coupable de deux meurtres avec circonstances aggravantes et condamné à la réclusion à perpétuité. Lors d’un nouveau procès en 2001, il a été condamné à la perpétuité pour meurtre avec circonstances aggravantes et à 22 ans de prison pour meurtre sans circonstances aggravantes.
Au cours de la phase du procès consacrée à la détermination de la peine, l’avocat de Patrick Hannon a seulement continué d’affirmer que son client était innocent et n’avait pas le caractère pour commettre ces meurtres et de présenter des témoignages à l’appui de ses dires, alors que les jurés avaient déjà écarté cette possibilité à l’issue de la phase précédente. Lors d’une audience en appel en 2002, les avocats qui défendent Patrick Hannon en appel ont montré qu’il avait commencé à consommer des psychotropes à un âge précoce – notamment de l’alcool, du LSD, de la méthamphétamine, des champignons hallucinogènes et du crack – et qu’il souffrait probablement de troubles neurologiques entraînant un manque de contrôle des pulsions. Un psychologue a indiqué que Patrick Hannon avait un « tempérament de suiveur à l’extrême ».
En 2006, la cour suprême de Floride a validé la condamnation à mort par quatre voix à deux, en rejetant l’argument selon lequel son avocat de première instance avait fait preuve d’inefficacité au regard des critères de la Constitution en n’étudiant pas et en ne présentant pas ces éléments. La majorité a statué que sa décision de continuer à plaider l’innocence et de « ne pas étudier et exploiter les circonstances atténuantes » avait été raisonnable. Deux juges ont rendu un avis divergent, estimant que la décision de l’avocat de ne pas présenter de circonstances atténuantes pourrait ne pas avoir été stratégique car son absence d’enquête montrait qu’il n’avait pas connaissance de ces éléments.
Ils ont écrit : « À ce stade critique, où la vie de son client était en jeu, au lieu de présenter des éléments et des arguments montrant pourquoi la peine de mort n’était pas adaptée, l’avocat de la défense a pour l’essentiel manqué à ses engagements. Sa seule ligne de défense a été d’affirmer que son client n’était pas vraiment coupable. » Il s’agissait selon eux d’un « cas typique d’inefficacité d’un avocat » ayant conduit à un « effondrement de notre système de débat contradictoire » et un jury « sans véritable choix pour ses délibérations lors de la phase de détermination de la peine ». Patrick Hannon aurait dû, d’après leur avis, bénéficier d’une nouvelle audience consacrée à la détermination de sa peine. Son exécution a été fixée au 8 novembre à 18 heures.