Amnesty International a rassemblé des informations sur 30 cas de militant·e·s et défenseur·e·s des droits humains saoudiens qui ont été poursuivis et condamnés à des peines de prison suivies d’interdictions de voyager arbitraires, et a recensé 39 interdictions de voyager non officielles concernant des proches de militant·e·s. Les interdictions de voyager ont de lourdes conséquences sur la vie des personnes concernées. En effet, elles les privent de perspectives de formation ou d’emploi à l’étranger, réduisent leurs possibilités d’obtenir des soins médicaux en dehors de l’Arabie saoudite, affectent leur santé mentale et les séparent de force de membres de leur famille pendant des années.
Les mesures à l’encontre des militant·e·s et des défenseur·e·s des droits humains ont créé un climat de peur et de répression qui a un effet dissuasif sur les militant·e·s saoudiens expatriés ou en exil. Ces personnes évitent de rentrer dans leur propre pays par crainte de représailles, redoutant notamment d’être soumises à une interdiction de voyager arbitraire qui les bloquerait en Arabie saoudite et les empêcherait de regagner leur pays de résidence. De nombreux militant·e·s ont aussi exprimé la crainte que des membres de leur famille restés dans le pays soient pris pour cible en représailles à leurs activités militantes à l’étranger.
Amnesty International a également recueilli des informations sur la politique répressive menée à l’égard de la communauté chiite en Arabie saoudite, notamment par l’intermédiaire du Tribunal pénal spécial, qui prononce de lourdes peines de prison et des condamnations à mort à l’issue de procès manifestement iniques, entachés d’allégations de torture et autres mauvais traitements en détention sur lesquelles le parquet s’abstient systématiquement d’enquêter.