Cinq mois après la disparition forcée de Yasin Talukder, un ressortissant banglado-britannique, on ignore toujours où se trouve et ce qu’il est advenu de lui. La mission diplomatique du Royaume-Uni au Bangladesh a confirmé qu’il était détenu par les autorités bangladaises depuis le mois de juillet, bien que les autorités nient toute implication.
Yasin Talukder, un homme détenant la double nationalité britannique et bangladaise, a été enlevé le 14 juillet 2016 à Dacca, la capitale du Bangladesh. Selon des témoins oculaires, un groupe d’hommes, appartenant d’après eux aux forces de sécurité, ont emmené Yasin Talukder à bord d’un minibus noir. Suraya Talukder, la mère de Yasin Talukder, a indiqué à Amnesty International, ainsi qu’au magazine The Wire dans un article publié le 4 novembre 2016, que deux hommes qui s’étaient présentés comme des membres du Bataillon d’action rapide (RAB) lui avaient rendu visite dans la maison où elle vit avec son fils sept jours après l’enlèvement de celui-ci. Ils ont saisi l’équipement électrique de Yasin Talukder, y compris ses ordinateurs, sans présenter de mandat. Lorsqu’elle leur a demandé pourquoi ils emmenaient cet équipement, ils ont répondu que c’était parce que Yasin n’avait pas son téléphone sur lui. Suraya Talukder a alors demandé si cela signifiait qu’ils détenaient Yasin Talukder. Ils ont répondu : « Non, il n’est pas chez nous » et ont affirmé qu’ils étaient là pour enquêter sur son enlèvement. On ignore toujours où se trouve Yasin Talukder. Il risque de subir des actes de torture ou d’autres mauvais traitements.
Le Haut-Commissariat du Royaume-Uni, la mission diplomatique du Royaume-Uni au Bangladesh, a récemment confirmé que Yasin Talukder était détenu par les forces de sécurité bangladaises depuis son enlèvement. Le RAB, qui a été largement impliqué dans des violations des droits humains, y compris des disparitions forcées, a rejeté publiquement toute implication dans l’enlèvement de Yasin Talukder. La disparition forcée de Yasin Talukder a eu lieu peu de temps après un attentat contre un restaurant à Dacca le 2 juillet, qui a tué 20 personnes, dont 18 étrangers. Il pourrait avoir été enlevé parce qu’il est soupçonné d’avoir des liens avec des militants.
Des groupes de défense des droits humains, dont Amnesty International, ont constaté une augmentation alarmante du nombre de disparitions forcées au Bangladesh depuis 2009. L’ONG bangladaise des droits humains Odhikar a ainsi recensé 64 cas de disparition forcée en 2015, contre 3 en 2009.