Après deux ans de recherche, d’action et de travail de sensibilisation de la part d’Amnesty International et d’autres organisations de la société civile, le gouvernement afghan a pris un décret présidentiel établissant une commission conjointe pour la protection des DDH. Plus de trois mois se sont écoulés depuis lors, sans qu’aucune mesure n’ait été adoptée afin qu’elle devienne un mécanisme de protection opérationnel, malgré la détérioration de la situation de sécurité dans le pays.
En décembre 2020, quelques jours à peine après que le décret présidentiel sur le mécanisme de protection a été promulgué, Freshta Kohistani, une militante en faveur des droits des femmes, a été abattue par un groupe d’inconnus armés dans la province de Kapisa. La veille, un autre militant de premier plan, Mohammad Yousuf Rasheed, avait été tué après que des tireurs non identifiés lui ont tendu une embuscade et ont ouvert le feu. Ce genre d’attaques se multiplient à Kaboul, ainsi que dans d’autres provinces, où les militant·e·s sont principalement pris pour cible sur les routes. Dans différents cas, des explosifs déposés au domicile de militant·e·s, des appels menaçants et d’autres tactiques visant à intimider ont donné à ces personnes et leur famille un sentiment de très grande vulnérabilité. Plusieurs listes de personnes à abattre sont par ailleurs en circulation.
Des discussions sont actuellement en cours sur la reprise des pourparlers de paix, mais le futur semble très incertain pour les Afghan·e·s. La Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA) a diffusé un rapport spécial en février 2021, dans lequel elle a affirmé avoir recensé un nombre choquant d’homicides de défenseur·e·s des droits humains et de journalistes en Afghanistan - 65 défenseur·e·s des droits humains ont été tués ces deux dernières années.
Les défenseur·e·s des droits humains jouent un rôle fondamental dans la société afghane, se mobilisent en faveur de l’éducation civique et de la sensibilisation aux droits humains, mènent leurs propres recherches sur les violations des droits humains, qu’ils publient dans des « contre-rapports », et agissent en faveur de la protection des droits humains.
Lorsqu’ils plaident la cause des droits humains et œuvrent pour leur défense, les défenseur·e·s des droits humains d’Afghanistan subissent constamment des actes d’intimidation, des manœuvres de harcèlement, des menaces et des violences de la part des autorités et de groupes armés. Comme Amnesty International l’a souligné dans son rapport de 2019 intitulé Afghanistan. Les défenseur·e·s des droits humains attaqués par les autorités et par des groupes armés, et compte tenu de l’intensification et de l’amplification de la violence à travers le pays, l’espace dévolu à la société civile dans lequel ces militant·e·s peuvent agir s’est fortement réduit.
La Constitution afghane garantit les principaux droits humains. L’article 6 de la Constitution dispose que « l’État sera tenu de créer une société prospère et progressive fondée sur la justice sociale, la préservation de la dignité humaine, la protection des droits humains [...] ». Les articles 21 à 59 (inclus) garantissent les droits humains, notamment le droit à l’égalité devant la loi, le droit à la vie, le droit à la liberté, le droit à un procès équitable, l’interdiction de la torture, le droit à une assistance juridique, le droit à la liberté d’expression, le droit d’association, le droit de réunion pacifique, le droit à la liberté d’expression, le droit à l’éducation, le droit au travail, et l’interdiction du travail forcé.
L’Afghanistan a aussi ratifié plusieurs traités des Nations unies relatifs aux droits humains, dont la Convention contre la torture et son protocole facultatif, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.