Alberto Amaro Jordán, journaliste de 35 ans, est originaire de la ville d’Atexcatzingo, dans l’État de Tlaxcala, juste à l’est de Mexico.
Depuis 2019, il a été battu, menacé et arrêté par des policiers, intimidé par des membres présumés d’un cartel de la drogue, victime d’une tentative d’effraction et de coups de feu tirés sur sa maison, entre autres agressions. Des policiers et des individus non identifiés l’ont photographié, ainsi que sa femme et son fils, et des agresseurs ont piraté son site Internet et sali sa réputation dans des messages Facebook, en l’accusant d’être un criminel. Pourtant, en août 2023, le Mécanisme de protection pour les défenseurs des droits humains et les journalistes du Mexique a estimé qu’il n’était plus en danger après avoir été inscrit au programme de protection pendant quatre ans, et lui a annoncé le retrait de ses quatre gardes du corps.
Alberto Amaro a obtenu une injonction pour suspendre le retrait de ses gardes du corps, mais il n’est pas certain que le Mécanisme continue d’assurer sa protection à l’avenir. Il a accusé les responsables du Mécanisme d’ignorer les dangers auxquels lui-même et sa famille continuent d’être exposés du fait de son travail.
D’après le travail de recherche approfondi mené par le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) depuis 1992, le Mexique est le pays occidental le plus dangereux pour les journalistes. Depuis le début du siècle, au moins 153 journalistes et autres professionnel·le·s des médias ont été tués, selon les recherches du CPJ ; au moins 64 de ces homicides se sont avérés être directement liés à leur travail. L’impunité est la norme dans les crimes contre la presse. Selon l’indice mondial de l’impunité établi chaque année par le CPJ, le Mexique se classe systématiquement parmi les 10 pays où le nombre de meurtres de journalistes non élucidés est le plus élevé.