Toutes les parties au conflit qui se déroule au Yémen notamment les forces houthies, le gouvernement yéménite, la coalition dirigée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, ainsi que les forces yéménites soutenues par les Émirats, procèdent à des détentions arbitraires, des disparitions forcées, des actes de torture et d’autres formes de mauvais traitements, ainsi que de procès iniques.
Ces huit dernières années, Amnesty International a recueilli des informations sur les cas d’au moins 75 journalistes, défenseur·e·s des droits humains, universitaires et autres personnes perçues comme étant des opposants ou exprimant des critiques, à qui les autorités houthies de facto ont infligé une détention arbitraire, des actes de torture et autres mauvais traitements, une disparition forcée ou un procès inique pouvant donner lieu à une condamnation à mort. Ces 75 personnes avaient toutes été ciblées pour avoir fait leur travail ou exercé leurs droits humains de manière pacifique, y compris leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de conviction.
En janvier 2022, les autorités houthies de facto ont mené des descentes dans au moins six stations de radio de Sanaa et les ont fermées. Le propriétaire de la station de radio Sawt al Yemen a fait appel de la fermeture de celle-ci devant le tribunal de Sanaa chargé du journalisme et de l’édition, et il a obtenu en juillet une décision judiciaire en faveur de sa réouverture. Pourtant, le 11 juillet, les forces de sécurité ont fait irruption dans la station. Elles l’ont à nouveau fermée et ont confisqué ses équipements de diffusion.
Durant la pandémie, les conditions de vie dans les prisons et les centres de détention gérés par les Houthis, notamment la surpopulation massive dans les cellules, le manque d’accès aux soins, à une nourriture suffisante, à de l’eau propre et à des installations sanitaires ont concouru à la propagation du COVID-19, exposant ainsi les détenu·e·s à d’importants risques pour leur santé. Les différentes parties au conflit n’ont pas pris les mesures nécessaires pour protéger les détenu·e·s et ralentir la diffusion du virus dans les prisons et les centres de détention, par exemple en fournissant des masques et d’autres produits d’hygiène.
Le gouvernement yéménite reconnu par la communauté internationale a par ailleurs harcelé, menacé et détenu arbitrairement des défenseur·e·s des droits humains et d’autres militant·e·s. En 2022, Amnesty International a recueilli des informations sur les cas de trois journalistes poursuivies à Taizz et Hadramout par les autorités judiciaires du gouvernement yéménite reconnu sur la scène internationale, pour avoir publié des contenus critiques à l’égard de représentants de l’État et d’institutions publiques.
Précédemment, les forces des Émirats arabes unis et les groupes armés alliés au gouvernement yéménite dans le sud du pays se sont rendus responsables d’arrestations arbitraires et de disparitions forcées. En mai 2018, Amnesty International a exposé de manière détaillée les cas de 51 hommes détenus dans un réseau de prisons secrètes par des forces émiriennes et yéménites opérant en dehors du contrôle du gouvernement yéménite, dont des personnes détenues entre mars 2016 et mai 2018.