Écrire Un lanceur d’alerte risque cinq ans d’emprisonnement

Ravo Ramasomanana, ancien agent du ministère de la Santé publique, risque jusqu’à cinq ans d’emprisonnement pour atteinte à l’ordre public et à la sécurité publique, incitation à des troubles politiques et incitation à la haine, pour avoir diffusé sur les réseaux sociaux, en avril 2021, une vidéo faisant état d’actes de corruption au sein du ministère de la Santé publique.

Les informations qu’il a divulguées sont d’intérêt public. La publication d’informations de cette nature est protégée par le droit à l’information et à la liberté d’expression.

Les autorités doivent immédiatement abandonner toutes les charges retenues contre Ravo Ramasomanana et veiller à ce qu’il puisse exercer librement son droit à la liberté d’expression, sans subir de représailles.

Dans la vidéo qu’il a mise en ligne sur les réseaux sociaux le 15 avril 2021, Ravo Ramasomanana a également dit avoir été malade du COVID-19 et a dénoncé le manque de matériel et les traitements inadaptés pour la prise en charge des patients. La vidéo a été largement relayée sur Facebook, à la télévision et sur des applications de messagerie à Madagascar.

Le 3 mai 2021, Ravo Ramasomanana a été cité à comparaître devant le tribunal le 5 mai en raison de la diffusion de cette vidéo sur les réseaux sociaux. Il n’a pas pu se présenter car il faisait encore l’objet de la quarantaine imposée aux personnes ayant contracté le COVID-19. Le 12 mai 2021, suite à sa convocation, il a déposé une plainte contre le ministère de la Santé publique auprès du Pôle anticorruption d’Antananarivo pour « faux et usage de faux, abus de pouvoir, corruption active et passive, abus de confiance, détournement de fonds publics et complicité ». À ce jour, aucune information n’a été communiquée sur la suite donnée à sa plainte.

Le 15 juin 2021, Ravo Ramasomanana a honoré la convocation et a comparu devant le tribunal, où il a été informé d’une autre plainte qui venait d’être déposée, émanant de la Gendarmerie nationale, selon laquelle le chef du Service de lutte contre la cybercriminalité avait reçu des messages d’insultes sur son téléphone après la publication sur Facebook de la convocation de Ravo Ramasomanana.

Ravo Ramasomanana n’est pas le premier lanceur d’alerte à Madagascar à se voir sanctionné par des poursuites judiciaires pour avoir dénoncé des agissements illégaux. Berija Ravelomanantsoa, médecin, a été arrêté en juin 2020 et condamné en septembre 2021 à 44 mois d’emprisonnement après avoir diffusé sur Facebook une vidéo critiquant le Président de la République de Madagascar, Andry Rajoelina. Plusieurs membres de la famille de Berija Ravelomanantsoa ont été inculpés de complicité, et ont été incarcérés pendant plusieurs jours, dont son père, sa mère, sa sœur, son épouse et jusqu’à son bébé âgé de quelques mois. Les membres de la famille de Ravo Ramasomanana risquent de subir le même sort s’il est déclaré coupable.

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