En juillet 2013, les autorités algériennes ont refusé d’accorder un statut juridique au parti d’opposition de Karim Tabbou. Ce militant est une figure majeure du mouvement Hirak depuis le début. Son militantisme et son engagement politique lui ont valu l’hostilité des autorités, qui l’ont arrêté en septembre 2019. Depuis son arrestation, Karim Tabbou a passé six mois à l’isolement. Il n’est autorisé à quitter sa cellule qu’une heure par jour, sans avoir aucun contact avec d’autres prisonniers.
Malgré son état de santé très inquiétant, qui a incité un groupe de médecins algériens à faire une déclaration publique mettant en garde contre les dangers de son maintien derrière les barreaux et à se mobiliser en faveur de sa libération, il est toujours incarcéré à ce jour. Selon ses avocats, qui lui ont rendu visite le 25 mars, tout de suite après sa condamnation en appel, il présentait des signes de mauvaise santé, dont une paralysie faciale partielle. Son état de santé s’est désormais amélioré, mais comme de nombreux prisonniers, il est exposé au risque de propagation du COVID-19.
En février 2019, des manifestations massives ont éclaté en Algérie, marquant le début du mouvement Hirak aujourd’hui bien connu. Au départ, les manifestants demandaient que l’ancien président Abdelaziz Bouteflika s’abstienne de briguer un cinquième mandat. La pression de la rue a contraint Abdelaziz Bouteflika à démissionner en avril 2019 et le mouvement Hirak a organisé de grandes manifestations pacifiques dans tout le pays.
À l’annonce d’une nouvelle élection présidentielle fixée au 12 décembre 2019, le Hirak a continué de s’opposer à ces élections et de réclamer un changement politique radical. Les autorités se sont alors mises à réprimer les militant·e·s, les opposant·e·s, les journalistes et les manifestant·e·s. Karim Tabbou n’est pas le seul prisonnier politique en Algérie.
Nombreux sont ceux qui subissent le même sort pour avoir exprimé leurs opinions ou participé à des manifestations, comme le journaliste Khaled Drareni et le militant de la société civile Abdelouahab Fersaoui, actuellement placés en détention provisoire pour s’être exprimés. Ces interpellations adressent un message délibéré et inquiétant aux manifestant·e·s, y compris aux militant·e·s politiques et aux militant·e·s de la société civile : quiconque ose s’opposer au gouvernement ou le critiquer sera puni.