Des membres de la communauté indigène d’Apika’y, l’une des communautés guaranis-kaiowás les plus vulnérables de l’État du Mato Grosso do Sul, risquent d’être expulsés de force une nouvelle fois. Le juge a émis un avis d’expulsion donnant à la communauté cinq jours pour appliquer la décision à compter de la date de réception de la notification par la responsable de la communauté. Les autorités n’ont en outre pas consulté la communauté de manière adéquate et n’ont pas proposé de solution de relogement.
D’après l’organisation partenaire locale d’Amnesty International, le Conseil missionnaire indigène, la décision de justice a été émise en faveur de Cássio Guilherme Bonilha Tecchio, le propriétaire du ranch Serrana situé sur les terres ancestrales de la communauté d’Apika’y. Le juge a émis un avis d’expulsion donnant à la communauté cinq jours pour appliquer la décision à compter de la date de réception de la notification par la responsable de la communauté, Damiana Cavanha. Ce préavis est complètement inadapté et, étant donné l’absence de consultation et de solution de relogement pour la communauté d’Apika’y, la décision des autorités brésiliennes constitue une expulsion forcée pour la communauté. Les expulsions forcées sont illégales au regard du droit international.
Il y a 15 ans, la communauté d’Apika’y a été expulsée de ses terres ancestrales pour permettre l’expansion de l’agriculture et de l’élevage. Elle vit depuis sur une très petite parcelle de terre au bord de la voie rapide (BR-463), devant ses terres ancestrales. La communauté est actuellement composée d’environ neuf familles qui vivent dans des conditions précaires et extrêmement mauvaises, sans accès aux équipements les plus élémentaires, entre les villes de Dourados et Ponta Porã, près de la frontière avec le Paraguay. Neuf membres de la communauté sont morts depuis leur première expulsion, soit dans des accidents de la route (en raison de la proximité de la voie rapide), soit des suites d’empoisonnements dus aux pesticides utilisés dans les monocultures environnantes.
La communauté d’Apika’y attend une décision de justice sur leur demande de reconnaissance officielle et de titre de propriété pour leurs terres. La Cour interaméricaine des droits de l’homme a statué que le déplacement des peuples indigènes de leurs terres sans leur consentement préalable, libre et éclairé représente une violation de leurs droits humains.