Les autorités pénitentiaires thaïlandaises ont procédé à la première exécution dans le pays en presque dix ans le 18 juin 2018. Amnesty International a reçu des informations selon lesquelles les demandes de grâce royale déposées par plusieurs détenus sous le coup d’une condamnation à mort ont été rejetées ces dernières semaines, et craint que ces personnes risquent d’être exécutées à tout moment.
Theerasak Longji, 26 ans, a été exécuté par injection létale à la prison de haute sécurité de Bang Kwang entre 15 et 18 heures le 18 juin 2018. L’exécution a été annoncée publiquement plus tard le 18 juin par le directeur général de l’administration pénitentiaire thaïlandaise. Les proches de Theerasak Longji ont déclaré à un organe de presse national qu’ils n’avaient pas été informés à l’avance de la programmation de l’exécution et qu’ils n’avaient pas pu lui rendre une dernière visite. Theerasak Longji n’a été autorisé à appeler sa femme qu’une fois, peu avant l’exécution. Il avait été condamné à mort pour le meurtre d’un jeune homme de 17 ans, tué en juillet 2012.
Amnesty International a reçu des informations, qu’elle n’a pas encore été en mesure de vérifier de manière indépendante, indiquant que les demandes de grâce royale déposées par plusieurs détenus sous le coup d’une condamnation à mort avaient été rejetées et que ces personnes risquent donc d’être exécutées à tout moment. Les chiffres fournis à l’organisation par le ministère de la Justice en mars 2018 indiquent que 193 des 510 détenus sous le coup d’une condamnation à mort ont vu leurs condamnations confirmées. Parmi ces personnes, 108 ont été déclarées coupables d’homicides et 85 d’infractions à la législation sur les stupéfiants.
La reprise des exécutions en Thaïlande va à l’encontre de la tendance mondiale en faveur de l’abolition de la peine de mort et représente un recul majeur pour les droits humains dans le pays. Les autorités thaïlandaises s’étaient engagées à abolir la peine de mort dans le cadre du troisième Plan national d’action en faveur des droits humains, qui devait être mis en œuvre à l’horizon 2018. Lors de l’Examen périodique universel de la Thaïlande en mai 2016, le pays avait également accepté les recommandations l’invitant à réexaminer l’applicabilité de la peine de mort dans les affaires de trafic de stupéfiants, à commuer les condamnations à mort et à prendre des mesures en vue de l’abolition de la peine capitale.