Sergueï Tikhanovski est un blogueur très suivi et un militant politique de premier plan. Au printemps 2020, après avoir annoncé son intention de se présenter à l’élection présidentielle, il a été arrêté arbitrairement et placé en « détention administrative », ce qui l’a empêché de déposer sa candidature avant la date limite. Son épouse, Sviatlana Tsikhanouskaya, a alors pris le relais et présenté sa propre candidature.
Le 29 mai 2020, lors d’un rassemblement de soutien à la candidature de Svyatlana Tsikhanouskaya, Sergueï Tikhanovski a de nouveau été arbitrairement arrêté, en même temps que sept autres militants. Des poursuites dénuées de fondement ont été engagées à leur encontre. Pendant cette période, Sviatlana Tsikhanouskaya est devenue l’une des candidates favorites de l’opposition à la présidentielle. Le président sortant, Alexandre Loukachenka, a revendiqué la victoire, malgré de nombreux signalements de fraude électorale bien étayés et convaincants. Des médias indépendants ont relayé le témoignage de membres de plusieurs bureaux de vote locaux qui affirmaient que Sviatlana Tsikhanouskaya avait obtenu beaucoup plus de voix qu’Alexandre Loukachenka.
Des manifestations de grande ampleur, organisées pour contester le résultat de l’élection, ont été réprimées par la police, des dizaines de milliers de manifestant·e·s pacifiques ont été appréhendés, et de très nombreuses personnes arrêtées ont été soumises à des actes de torture et des mauvais traitements. Sviatlana Tsikhanouskaya, craignant de faire l’objet de poursuites judiciaires, est partie en exil. De nombreux membres de son entourage politique, notamment Maria Kolesnikova, sa plus proche alliée pendant la campagne électorale, ont été incarcérés.
Des centaines de personnes ont depuis lors été poursuivies et emprisonnées à l’issue de procès iniques, pour avoir pris part à ces manifestations et recouru à d’autres formes d’opposition pacifique. Sergueï Tikhanovski est au nombre de ces personnes. Le 14 décembre 2021, il a été condamné, sur la base d’accusations forgées de toutes pièces, à 18 ans de réclusion, une des plus lourdes peines prononcées contre les dissident·e·s pacifiques. Il fait depuis lors l’objet d’un traitement particulièrement dur en prison, notamment de sanctions pour de prétendues atteintes au règlement intérieur.
Entre autres sanctions infligées par l’administration pénitentiaire, Sergueï Tikhanovski est privé de visites de sa famille et d’appels téléphoniques. Il lui est interdit de s’entretenir confidentiellement avec son avocat, de lire, d’envoyer des lettres et de recevoir du courrier ou des colis. Il n’est pas non plus autorisé à recevoir des vêtements chauds, alors qu’il fait très froid dans sa cellule, ce qui met sa santé en danger. Au 30 septembre, il avait passé 40 jours consécutifs dans une cellule d’isolement disciplinaire (« Shizo ») dans ces conditions, et la durée de sa détention dans cette cellule avait été prolongée à plusieurs reprises.
Amnesty International demande sa libération immédiate et inconditionnelle.