Ancienne paysanne vivant dans le village de Chenxiang (Shanghai), Chen Jianfang a commencé au début des années 2000 à introduire des demandes en réparation auprès des autorités, à la suite de la confiscation de terres arables de son village à des fins de réaménagement. Cela fait aujourd’hui plus de 10 ans qu’elle porte plainte et, tout au long de ces années, Chen Jianfang a fait l’objet de persécutions incessantes de la part des autorités et a été frappée par des policiers et par des individus violents. Elle a également été arrêtée arbitrairement et condamnée à 15 mois de « rééducation par le travail ».
À partir de 2008, Chen Jianfang a commencé à défendre les droits civils et politiques des militants et des pétitionnaires. Aux côtés de Cao Shunli, autre militante chinoise bien connue, elle s’est mobilisée en faveur d’une participation réelle de la société civile à la rédaction du rapport national que devait remettre la Chine au titre de l’Examen périodique universel (EPU) du Conseil des droits de l’homme des Nations unies en 2013. À partir de juin 2013 et pendant deux mois, elles ont organisé un sit-in avec d’autres militants devant le ministère des Affaires étrangères à Pékin pour obtenir que la population puisse contribuer au rapport. Le 14 septembre 2013, les autorités ont interdit à Chen Jianfang et Cao Shunli de quitter la Chine pour assister à une formation sur les droits humains tenue à Genève (Suisse).
Chen Jianfang a été relâchée après avoir été détenue brièvement, tandis que Cao Shunli a succombé à une défaillance multiviscérale à l’hôpital le 14 mars, après six mois de détention. Le décès de Cao Shunli a suscité l’indignation de la communauté internationale mais, à ce jour, les autorités n’ont toujours pas ouvert ni autorisé d’enquête indépendante. Depuis cette affaire, Chen Jianfang fait l’objet d’une surveillance étroite et se trouve sous le coup d’une interdiction de quitter le territoire.
En Chine, les personnes qui mènent des activités militantes et défendent les droits humains continuent à être systématiquement soumises à une surveillance, à des manœuvres de harcèlement et d’intimidation, à des arrestations, à des incarcérations et à des poursuites judiciaires.