Les communautés garifunas de Triunfo de la Cruz font partie de l’Organisation fraternelle noire du Honduras (OFRANEH), une organisation qui œuvre pour la protection des droits économiques, sociaux et culturels des communautés garifunas.Le 8 octobre 2015, la Cour interaméricaine des droits de l’homme a rendu une décision en faveur de la communauté garifuna de Triunfo de la Cruz, déclarant l’État hondurien coupable de violation du droit de la communauté à la propriété collective. Des années plus tôt, le 28 avril 2006, la Commission interaméricaine des droits de l’homme avait déjà accordé à la communauté de Triunfo de la Cruz des mesures conservatoires, demandant au gouvernement du Honduras de faire le nécessaire pour protéger le droit de la communauté à la propriété de ses terres ancestrales.
Depuis le début du couvre-feu total décrété au Honduras en mars 2020 en raison de la pandémie de COVID-19, Amnesty International a reçu des informations faisant état de plusieurs attaques graves contre des défenseur·e·s des droits humains, notamment contre des membres de l’OFRANEH. Selon cette organisation, le 20 avril, des policiers ont réprimé une manifestation organisée à Oak Ridge, sur l’île de Roatán, pour empêcher un bateau d’accoster dans le port pour des raisons de santé publique, et le 6 mai, des policiers s’en sont pris à un groupe de jeunes gens de la communauté garifuna qui protégeaient la communauté de Travesía, dans le département de Cortés, menaçant de tirer des grenades de gaz lacrymogènes. L’OFRANEH a également dénoncé l’assassinat d’Edwin Fernández, membre de cette organisation, le 20 mai dans la communauté de Río Tinto (département d’Atlántida).
Le Conseil civique d’organisations populaires et indigènes du Honduras (COPINH) a également dénoncé de récentes attaques contre ses membres. Le 12 mai, José Trochez a été arrêté par l’armée hondurienne alors qu’il effectuait un travail humanitaire. Le 15 juin, des membres du COPINH ont reçu des informations les prévenant d’une attaque imminente contre les membres et les locaux de l’organisation. Le COPINH a également signalé que le 21 juin, un groupe d’une soixantaine de personnes a fait irruption dans son local d’Utopia, à La Esperanza (département d’Intibucá), menaçant de s’en emparer. Le lendemain, des membres de l’organisation ont reçu un tract numérique dans lequel un groupe inconnu menaçait l’organisation d’incendier ce local. Ces attaques se sont produites après que l’organisation a mis à disposition ses locaux pour en faire un centre d’isolement pour les personnes emprisonnées infectées par le COVID-19.
Ces quatre dernières années, Amnesty International a attiré l’attention sur les menaces, les manœuvres d’intimidation, les actes de harcèlement et les homicides visant des militant·e·s au Honduras, notamment sur le cas de la célèbre défenseure Berta Cáceres, tuée en 2016.La situation n’a pas changé. En juin et juillet 2020, Scarleth Cáceres, militante et défenseure des droits des personnes LGBTI au sein de l’Association Arcoíris, Marvin Damián Castro, défenseur du territoire de la municipalité de Pespire (département de Choluteca) et membre du comité de coordination du Movimiento Ambientalista Social del Sur por la Vida (MASSVIDA), et Yonis David Castillo Lázaro, de la communauté de Guapinol, ont été assassinés. Et le 2 avril 2020, lris Argentina Álvarez, défenseure des droits humains liés au territoire de l’organisation paysanne Cerro Escondido, dans le sud du Honduras, a été tuée lors d’une violente opération d’expulsion.
Le Honduras est l’un des pays les plus dangereux au monde pour les personnes qui défendent les droits liés au territoire et à l’environnement. Selon le dernier rapport de Global Witness, c’est au Honduras que le taux de meurtres de ces défenseur·e·s par habitant est le plus élevé au monde. Pourtant, l’État hondurien n’a pas encore signé l’Accord régional sur l’accès à l’information, la participation publique et l’accès à la justice à propos des questions environnementales en Amérique latine et dans les Caraïbes (Accord d’Escazú), premier instrument international contraignant incluant la protection des défenseur·e·s de l’environnement.
La Convention interaméricaine sur la disparition forcée des personnes définit la disparition forcée en ces termes : « Aux effets de la présente Convention, on entend par disparition forcée des personnes la privation de liberté d’une ou de plusieurs personnes sous quelque forme que ce soit, causée par des agents de l’État ou par des personnes ou des groupes de personnes qui agissent avec l’autorisation, l’appui ou l’acquiescement de l’État, suivie du déni de la reconnaissance de cette privation de liberté ou d’information sur le lieu où se trouve cette personne, ce qui, en conséquence, entrave l’exercice des recours juridiques et des garanties pertinentes d’une procédure régulière. » Le Honduras a ratifié cette convention en 2005. Il a également ratifié, en 2008, la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, qui donne de la disparition forcée une définition similaire.