Le 5 mai 2018, les autorités égyptiennes ont arrêté Rami Sidky, un musicien âgé de 33 ans, à l’aéroport international du Caire. Il a été placé en détention en raison d’un clip satirique intitulé « Balaha », devenu viral à l’approche de l’élection présidentielle de mars 2018, et qui se moquait manifestement du président al Sissi. Selon son avocat, Rami Sidky n’a pas participé à l’écriture, à la production ni à l’interprétation de « Balaha ». Les autorités avaient déjà arrêté l’auteur présumé des paroles en mars 2018, ainsi que quatre autres personnes accusées d’avoir participé à la production de la chanson. De plus, Amnesty International estime que cette chanson relève intégralement de l’exercice du droit à la liberté d’expression.
Rami Sidky, ainsi que ses coaccusés dans l’affaire n° 480/2018, sont poursuivis sur la base d’accusations, forgées de toutes pièces, d’« appartenance à un groupe terroriste » et d’« outrage au président ».
Le 9 février 2019, un juge a à nouveau prolongé de 45 jours la détention provisoire de Rami Sidky.
Écrire Un musicien incarcéré poursuivi sur la base de charges forgées de toutes pièces
Le 22 avril 2018, selon les informations reçues par Amnesty International, des membres de l’Agence de sécurité nationale, à la recherche de Rami Sidky, ont fait une descente à son domicile familial. Ils ont informé sa famille qu’il était impliqué dans la production d’une chanson que les autorités jugeaient insultante pour le président al Sissi. Le 24 avril, Rami Sidky, accompagné d’un avocat, s’est rendu dans un bureau de l’Agence de sécurité nationale pour s’enquérir des motifs de la venue de leurs agents. Les autorités ont nié toute visite de membres de l’Agence de sécurité nationale, affirmant qu’il s’agissait probablement de voleurs. Elles ont indiqué que les activités musicales de Rami Sidky ne posaient aucun problème et ont assuré qu’il pouvait voyager librement. Cependant, le 5 mai, les autorités ont arrêté Rami Sidky à l’aéroport international du Caire alors qu’il revenait de Beyrouth, où il se produisait avec son groupe, « Jimi and the Saint ». Les autorités l’ont détenu au secret pendant plus de 24 heures et ont dit à sa famille qu’il n’avait pas quitté l’aéroport. Le 6 mai, les forces de sécurité l’ont emmené à un poste de police au Nouveau Caire aux fins d’interrogatoire. Plus tard dans la soirée, les autorités ont finalement permis à Rami Sidky d’entrer en contact avec ses proches et de les informer de l’endroit où il se trouvait. Le 27 mai, il a été transféré à la prison d’enquête de Tora, au Caire, et sa détention n’a cessé d’être renouvelée depuis lors. Le 9 février 2019, un juge a de nouveau prolongé sa détention provisoire de 45 jours.
Rami Sidky est poursuivi sur la basse d’accusations, forgées de toutes pièces, d’« appartenance à un groupe terroriste » et d’« outrage envers le président », en même temps que quatre autres personnes. Les coaccusés de Rami Sidky ont tous été arrêtés en raison de la chanson satirique « Balaha ». Les autorités avaient libéré le cinquième coaccusé en septembre 2018. D’après l’avocat de Rami Sidky, les autorités n’ont cessé d’assurer Rami Sidky et sa famille qu’elles savaient qu’il n’était pas lié à cette chanson et de leur promettre une libération très prochaine. Neuf mois plus tard, sa détention provisoire continue à être renouvelée.
Entre 2011 et 2013, Rami Sidky a joué dans un groupe avec le chanteur qui interprète « Balaha », après quoi il a rompu avec ce groupe et son chanteur. En 2015, il a cofondé un autre groupe, appelé « Jimi and the Saint ». Méfiant face à la répression accrue exercée sur le droit à la liberté d’expression en Égypte ces dernières années, Rami Sidky s’est éloigné de tout commentaire politique pour axer sa musique sur des questions sociales. À l’approche de l’élection présidentielle de mars 2018, la chanson « Balaha » a été diffusée sur YouTube et est immédiatement devenue virale, suscitant la colère des autorités égyptiennes, qui ont estimé qu’elle était insultante pour le président al Sissi. L’auteur présumé des paroles est actuellement en détention et poursuivi dans le cadre de deux affaires différentes.
Amnesty International a constaté que les paroles de la chanson ne contenaient aucune incitation à la violence ou à la haine et qu’elles bénéficiaient par conséquent de la protection du droit à la liberté d’expression. Amnesty International considère que la détention de Rami Sidky est arbitraire, que les charges retenues contre lui et ses coaccusés sont sans fondement et que l’ensemble du dossier est monté de toutes pièces.
Action terminée