Écrire Des organisations ont besoin d’une protection contre les menaces

Le 1er février, une « déclaration publique » a été diffusée au nom du « Haut commandement du bloc Magdalena Medio » des Forces d’autodéfense gaitanistes de Colombie, menaçant la vie de membres d’organisations de défense des droits humains, du territoire, de la terre et de l’environnement dans la région du Magdalena Medio en Colombie, notamment le CREDHOS et la FEDEPESAN.

En janvier, d’autres menaces ont été proférées, cette fois au nom du « Bloc Magdalena Medio des FARC », contre le président du CREDHOS et d’autres défenseur·e·s des droits humains.

Nous demandons aux institutions de l’État colombien de fournir sans délai une protection complète aux organisations menacées.

Le Magdalena Medio est une vaste vallée située entre les chaînes de montagnes colombiennes et traversée par le principal fleuve de Colombie, le Magdalena. Le pétrole est l’une des principales sources d’activité économique de la région, et la plus grande raffinerie du pays est située dans la ville de Barrancabermeja, dans le département de Santander, au cœur du Magdalena Medio.

La région est également engagée dans l’agro-industrie, l’exploitation minière et l’élevage, entre autres activités économiques. Du fait de son emplacement géographique et de l’abondance de ressources à la valeur élevée, telles que le pétrole et l’eau, la région est considérée comme stratégique et a fait l’objet de conflits continus entre l’État et des groupes armés présents dans le pays.

Le Magdalena Medio est par ailleurs également le théâtre de processus soutenus de mobilisation populaire et de défense des droits humains depuis des décennies. L’association de syndicats, de mouvements féministes et populaires, et de la défense des droits humains a créé des scénarios d’affirmation et de résistance particulièrement puissants.

Cette situation, conjuguée à la lutte pour le contrôle territorial, politique et économique de la région par des groupes d’intérêt et des factions armées, a créé un terrain propice à la violence contre les défenseur·e·s des droits humains, qui persiste au moins depuis les années 1980. En 2023, des chiffres alarmants ont été enregistrés dans le Magdalena Medio en matière de violences perpétrées contre la population civile, en particulier des homicides. Tout ceci se déroule dans un contexte de réorganisation d’au moins quatre groupes armés présents dans la région.

La Fédération des pêcheurs artisanaux, écologistes et touristiques du département de Santander (FEDEPESAN) mène ses activités autour du lac San Silvestre, à proximité de la ville de Barrancabermeja. La FEDEPESAN a signalé la pollution de l’eau par des entreprises régionales, ainsi que la présence d’organisations criminelles impliquées dans le trafic de stupéfiants et a traite des êtres humains. C’est dans ce contexte que la présidente de la FEDEPESAN, Yuly Velázquez, a subi de nombreuses formes de violence, recensées par Amnesty International, notamment une menace en novembre 2020, des impacts de balles à son domicile en janvier 2021, des actes d’intimidation lors d’activités de protestation en août 2021, une agression à main armée en mai 2022, et une autre en juillet 2022 (durant laquelle un agent de sécurité de son dispositif de protection a été blessé).

En février 2021, Amnesty International a lancé une Action urgente à la suite de graves menaces proférées par l’Armée de libération nationale (ELN) contre le vice-président de la FEDEPESAN. Amnesty International a constaté des failles dans le fonctionnement du programme de protection fourni par l’État à Yuly Velásquez par l’intermédiaire de l’Unité de protection nationale (UNP), étant donné le niveau élevé de risque auquel elle est exposée.

Le Comité régional de défense des droits humains (CREDHOS), également établi dans la ville de Barrancabermeja, a été fondé en 1987 et est épaulé par Amnesty International depuis plusieurs années. En 2000, la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) a pris des mesures de précaution en faveur du CREDHOS en raison de menaces émanant de groupes paramilitaires. En 2016, l’Unité des victimes, instance du gouvernement colombien, a reconnu que le CREDHOS pouvait prétendre à des réparations collectives après avoir subi, en tant qu’organisation, de graves violations des droits fondamentaux dans le contexte du conflit armé.

Amnesty International a confirmé que les menaces et les agressions visant des personnes appartenant au CREDHOS en tant que collectif ont persisté ces dernières années, dans le contexte de la présence d’organisations armées sur le territoire où il travaille.

En avril 2021, Amnesty International avait déjà publié une Action urgente demandant la protection du CREDHOS, en raison des graves menaces dont ses membres étaient victimes à l’époque. La protection actuellement fournie par l’État est insuffisante compte tenu de la gravité des menaces dont le CREDHOS a collectivement fait l’objet ces dernières années.

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