Le 18 avril 2018, après des années de déclin institutionnel au Nicaragua, des manifestations ont éclaté à la suite de la tentative du gouvernement de mettre en œuvre des réformes de la sécurité sociale impopulaires et décidées sans consultation. Ces manifestations ont été violemment réprimées. D’après la Commission interaméricaine des droits de l’homme, la crise a fait 325 morts, dont 21 policiers et 24 mineurs, et 2 000 blessés. Les chiffres de la société civile indiquent en outre que 700 personnes ont été arrêtées. De plus, 300 professionnels de la santé ont été licenciés, 144 étudiants ont été expulsés de l’Université nationale autonome du Nicaragua et 70 journalistes et professionnels des médias ont été contraints à l’exil. D’après le HCR, près de 62 000 Nicaraguayens ont fui vers les pays voisins, dont 55 000 vers le Costa Rica.
Le 16 mai 2019, Eddy Montes, un Américano-Nicaraguayen de 57 ans, a été tué par balle à la prison de La Modelo, à Managua. Il avait été arrêté avec d’autres personnes, qui ont également été blessées, pour avoir participé aux manifestations de 2018. Une loi d’amnistie a été adoptée par l’Assemblée nationale du Nicaragua le 8 juin 2019.
Le rapport d’Amnesty International intitulé Instilling terror (https://www.amnesty.org/fr/documents/amr43/9213/2018/fr/) révèle que les efforts déployés par l’État du Nicaragua pour poursuivre en justice les opposants, qualifiant quiconque s’est opposé au gouvernement de « terroriste » ou de « putschistes » afin de justifier ses propres actions, sont un pilier central de cette politique répressive.
Depuis, les manifestations en faveur d’un véritable changement du statu quo ont continué. Plus d’un an après le début de la répression des manifestations, Amnesty International continue de recevoir des informations faisant état de détentions arbitraires et d’actes de torture infligés à des personnes privées de leur liberté. En outre, les organisations de la société civile dont l’enregistrement a été révoqué par le gouvernement, parmi lesquelles le Centre nicaraguayen des droits humains (CENIDH), ne peuvent toujours pas travailler librement dans le pays et les journalistes et les défenseur·e·s des droits humains sont toujours harcelés. Les récentes attaques à l’encontre de la liberté d’expression et de réunion pacifique témoignent d’une stratégie permanente visant à faire taire les voix dissidentes.