Le père Elil Rajendram, prêtre sri-lankais, est harcelé par la police en raison de ses initiatives visant à aider les familles à rendre hommage à leurs proches morts durant le conflit armé.
Le père Elil Rajendram est soumis à des enquêtes et au harcèlement répété de la police en raison de ses initiatives visant à aider les familles à rendre hommage à leurs proches morts durant le conflit armé. Un événement commémoratif pour marquer le 8e anniversaire de la fin du conflit armé au Sri Lanka devait avoir lieu le 18 mai, près d’un monument érigé auparavant par des militants de la société civile près de l’église Saint-Paul, à Mullivaikkal East, une zone de la province du Nord dévastée par la guerre. Des familles du secteur avaient gravé le nom, l’âge et la date de la mort de leurs proches sur des pierres, pour qu’elles soient déposées dans un pré près de la statue du monument.
Dans la soirée du 16 mai, le père Elil a été convoqué pour interrogatoire par la police de Mullaitivu. La police a demandé l’interdiction du rassemblement prévu, affirmant que les pierres pouvaient inclure les noms de membres des Tigres libérateurs de l’Eelam tamoul (LTTE), représentant par conséquent une menace pour la sécurité nationale. Le 17 mai, le tribunal de Mullaitivu a décidé d’interdire pendant deux semaines les activités de commémoration au monument, statuant qu’elles représentent une menace pour « l’intégrité du pays, la sécurité nationale et la paix de la nation ».
Le 18 mai, il a donné son accord pour un événement de moindre envergure à l’église Saint-Paul, mais a refusé que les gens aient accès aux pierres. Le 19 mai, le père Elil, tamoulophone, a été convoqué au poste de police de Vavuniya, à environ 75 kilomètres de Mullaitivu, où il a dû signer une déclaration en cingalais, une langue qu’il ne sait pas lire. La police a fait pression sur lui pour qu’il remette la liste des noms des victimes à adresser au Service d’enquête sur le terrorisme (TID) pour examen, afin de s’assurer qu’aucun d’entre eux n’était membre des LTTE. Elle lui a demandé s’il soutenait lui aussi le terrorisme.
La troisième convocation, émise le 20 mai, enjoignait au père Elil de se présenter à la Division des crimes spéciaux de la police de Mullaittivu le 22 mai, à 9h30, afin « d’assister à une enquête et de soumettre une déclaration » concernant la statue et les pierres gravées. La police a annulé l’ordre après l’intervention d’un ministre du gouvernement, mais l’inspecteur général adjoint a appelé le père Elil et a de nouveau exigé la liste des noms. Si les autorités concluent que des noms des membres des LTTE figurent sur les pierres, le père Elil pourrait être arrêté au titre de la Loi relative à la prévention du terrorisme (PTA). Il risquera alors d’être torturé en garde à vue, pratique qui demeure généralisée. Amnesty International est préoccupée par la sécurité du père Elil et par les restrictions injustifiées imposées au droit à la liberté d’expression et d’association des familles qui souhaitent rendre hommage à leurs proches disparus dans le conflit armé au Sri Lanka.